Tunisie : les protestations se poursuivent
Depuis la mi-décembre, les contestations sociales en Tunisie face à la cherté de la vie ne font que croître. Comme durant le week-end, le vent de protestation soufflait encore lundi sur plusieurs localités tunisiennes. A Kasserine (90 Km de Tunis), tous les commerces étaient fermés et des manifestants de la centrale des syndicats se sont opposés à la police, avant de se réfugier dans les bureaux du syndicat pour éviter les gaz lacrymogènes lancés par celle-ci en riposte. Toujours dans le centre-ouest de la Tunisie, cette fois-ci à Thala, la police, encore elle, a tiré sur des manifestants qui décriaient « les arrestations massives », selon un témoin se confiant à l’AFP. Enfin, c’était la consternation à Régueb (265 Km de Tunis) où 3000 personnes circulant en cortège rendaient un dernier hommage à une jeune femme, Manal Boualagui, morte dimanche d’une balle au dos, avant que la police ne vienne les disperser en tirant des balles en caoutchouc. Dimanche soir, le ministère de l’Intérieur faisait état de 14 morts survenues durant le week-end dans les 3 villes pré-citées. Un chiffre amplement contesté par l’opposition et l’ONG, Amnesty International, laquelle, tout en mettant directement en cause « les forces de sécurité », en signale neuf de plus.
Pour apaiser la population, le président tunisien Ben Ali s’est adressé lundi soir à la nation pour la deuxième fois depuis le début des protestations. Condamnant ses « actes terroristes impardonnables », il a promis « de multiplier les capacités d’emploi et la création de sources de revenus (…) dans tous les secteurs durant les années 2011 et 2012 », des résolutions qui devront générer 300 000 postes. Ces engagements pris dans l’urgence de la situation semblent trop ambitieux pour le moyen terme dans un pays où le chômage a causé un tel soulèvement populaire. En plus, leurs concrétisations sont en partie suspendues à la bonne volonté des acteurs économiques du secteur privés, lesquels seront exonérés d’impôts en contrepartie s’ils embauchent des diplômés chômeurs. Ce n’est donc pas garanti à 100% que ça se réalise avant l’échéance annoncée.