Côte d’ivoire : vers un gouvernement d’union nationale ?
La crise en Côte d’Ivoire se dérobe à toute possibilité de décantation. Après les tentatives infructueuses de médiation de la Cédeao et de l’Union Africaine, c’était au tour d’Olusegun Obasanjo de s’y prêter en invité surprise. Malheureusement, après deux jours à Abidjan durant lesquels il a rencontré successivement Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, l’ex-président nigérian a quitté le territoire ivoirien lundi matin aussi discrètement que lors de son arrivée, ne faisant aucune déclaration publique et laissant, de ce fait, tous les observateurs dans l’incertitude la plus totale.
Au cours de la même journée, le camp du président ivoirien reconnu par la communauté internationale a fait signe d’ouverture. Dans une interview diffusée sur la BBC, Youssouf Bamba, ambassadeur de la Côte d’Ivoire aux Nations Unies nommé par Ouattara, déclarait que Gbagbo « a des gens compétents dans son parti ». Ainsi, Alassane Ouattara et ses collaborateurs seraient « prêts à travailler avec eux dans le cadre d’un cabinet élargi ». Pour ce faire, il n’y a qu’une seule condition pour le diplomate ivoirien : « que M. Ouattara devrait être reconnu comme président légitime par M. Gbagbo ». Dire que la semaine passée, Raila Odinga mettait une croix sur la « solution kényane », laquelle faisait allusion à la création d’un gouvernement d’union nationale. Ses propos traduisent-ils un affaiblissement du côté de l’ex-Premier Ministre ivoirien ? Ou sont-ils le fruit d’une réelle volonté d’en finir avec cette impasse ? En tout cas, la première thèse a déjà été mise à mal ce même lundi par la demande de sanction du Premier Ministre Guillaume Soro pour «les dirigeants des institutions du secteur bancaire qui collaborent avec le régime illégal de Gbabgo». Il s’agirait, entre autres 16 personnalités visées, de Gilbert Ako et de Denis N’Gbe, respectivement responsables du secteur du cacao et de la représentation locale de la Banque Centrale d’Afrique de l’Ouest. Dans ce jeu politique difficilement lisible, la guerre pour le pouvoir en Côte d’Ivoire est manifestement loin d’être terminée.