Ouattara de plus en plus loquace
Depuis le début de la crise ivoirienne, Alassane Ouattara passait pour être l’un des protagonistes les plus réservés, laissant, le plus souvent, ses collaborateurs clamer sa légitimité. Mais, ces derniers jours, le président ivoirien reconnu par la communauté internationale est monté lui-même au créneau pour menacer Laurent Gbagbo si ce dernier s’obstinait à rester aux commandes de la Côte d’Ivoire. Jeudi, il préconisait, si besoin s’en faut, une action commando pacifique pour faire partir son rival du pouvoir. « S’il s’entête, il appartient à la Cédeao de prendre des mesures nécessaires et ces mesures peuvent inclure la force légitime » déclarait Ouattara devant la presse à l’Hôtel du Golfe avant de rajouter qu’ « il y a des opérations spéciales non violentes qui permettent tout simplement de prendre la personne indésirable et de l’emmener ailleurs ».
En tout cas, l’option militaire, réclamée à maintes reprises par Soro et évoquée comme dernier recours par le Cedeao, ne fait pas du tout l’unanimité. Déjà, à l’échelle nationale, des voix tels que celles des évêques catholiques se sont élevées pour s’opposer à cette issue. En dehors de Côte d’Ivoire, bien que le Cédeao, forte de son Ecomog (bras armé de l’organisation sous-régionale) qui peut aisément réunir des milliers de soldats, semble avoir les moyens militaires pour concrétiser sa proposition de sortie de crise, la question divise la sous-région : comptant un nombre important sur le territoire ivoirien, des pays comme le Mali ou le Bénin redoutent qu’un vent de vindicte souffle violemment sur leur diaspora ; par contre, le Sénégal ou le Nigéria, première puissance militaire d’Afrique de l’Ouest, n’affichent pas trop de réticences. Le Ghana, quant à lui, reste fermement neutre. Cette affaire étant pour le moment en suspens, la stratégie de l’asphyxie continue. Ainsi, les USA ont annoncé le gel des avoirs en Côte d’Ivoire du couple présidentiel Gbagbo. Jusques à quand ce dernier tiendra ?