Algérie : la contestation gagne tout le pays
Tout avait commencé le mercredi soir à Bab El Oued, quartier populaire d’Alger. La jeunesse s’insurgeait contre la cherté de la vie, manifeste par une augmentation brusque des prix de produits de première nécessité comme le sucre, la farine et l’huile. Pierres et cocktails molotov en mains, les rebelles algériens ont obstrué l’avenue principale en y brûlant des pneus. Peu après, ils s’en sont pris au bureau de la police, laquelle s’est défendue par des jets de lacrymogène et des coups de feu dissuasifs. Cette étincelle a déclenché un feu qui tend à embraser toute l’Algérie en commençant par gagner maints recoins de la capitale, notamment les quartiers de Kouba, Chéraga et Aïn Benian, avant d’atteindre d’autres villes. A Bejaïa, localité de Kabylie distante de plus de 250 Km d’Alger, les routes ont été également coupées avec des troncs d’arbre en plus des pneus incendiés. Un tribunal, non loin de cette ville, aurait été incendié. La vague de protestation a également déferlé sur Constantine, grande ville à l’Est de l’Algérie. L’Ouest du pays n’a pas été en reste : le climat restait tendu à Oran après les émeutes.
Comme en Tunisie voisine, les algériens traduisent leur ras-le-bol devant la dégradation de leurs conditions de vie. Les promesses gouvernementales (investissements de 286 milliards de dollars d’ici 3 ans dans la création de logement et l’amélioration du social) tardant à s’accomplir, le chômage ronge une Algérie dans laquelle 80% des jeunes sont sans emploi. D’ailleurs, la crédibilité de l’exécutif algérien est souvent mise à mal dans des affaires liées à la corruption. Paradoxalement, ce pays, disposant d’une manne pétrolière et ayant accumulé des réserves estimées à 155 milliards de dollars, semble disposer des atouts du moins financiers pour décoller économiquement.