L’Afrique en surpoids
En Afrique, la sous-nutrition a longtemps retenu l’attention des politiques sanitaires au point de faire oublier son antonyme : la surnutrition, laquelle engendre l’obésité. Avec l’urbanisation, les habitudes alimentaires ont beaucoup changé dans le continent noir. A l’opposé des villageois qui se nourrissent d’aliments frais issus des cultures vivrières et de la chasse, les citadins consomment plutôt les produits de l’industrie agroalimentaire, souvent plus sucrés ou plus gras, ou recourent, par moments, aux fast-foods. En plus, les infrastructures de transport ont sensiblement réduit les activités physiques dans les villes. A tout cela se greffe le facteur culturel : en général, les africains assimilent l’embonpoint au bien-être social, à une parfaite santé et à la beauté féminine, une mentalité favorisée encore plus avec le SIDA. Ainsi, affublées de sobriquets rivalisant d’originalité tels que « Nana Benz » au Togo ou « Miss Mama Kilo » au Cameroun, les femmes aux rondeurs prononcées sont exaltées. Pourtant, elles constituent la majeure partie des victimes de l’obésité sur le continent. Dans certains pays, 4 sur 5 personnes en surpoids sont de sexe féminin. Plus de la moitié des sud-africaines âgées de 29 ans au minimum présentent une surcharge pondérale dans un état dont 27,4% de la population est obèse. Le Swaziland (23,1%), la Mauritanie (16,4%), le Ghana (9,3%) et le Congo-Brazzaville (7,5%) ne sont pas épargnés mais l’Egypte (35,1%) reste la plus touchée par l’obésité. Cette situation n’augure rien de bon car des proportions importantes de cas de diabètes (44 %), de cancers (7 à 41 %) et de troubles cardiaques (23 %) ont un lien direct avec le surpoids et l’obésité. L’Afrique, dont la population des villes atteindra 1,2 milliards d’habitants à l’horizon 2050, doit en prendre conscience et agir au plus vite.