Niger : les intérêts de la Chine sont menacés
D’après un porte-parole du syndicat nigérien Syntramines, 680 travailleurs ont déclaré avoir cessé le travail à la mine de Somina, exploitée par China National Nuclear Corporation Uranium (Sino-U) dans le nord du Niger. Prévue pour durer 72 heures, cette grève pourrait s’étendre, selon ses initiateurs, « de façon illimitée » si les demandes des mineurs, à savoir meilleurs salaires ainsi que le règlement de leurs primes, ne sont pas satisfaites. Cette option n’arrange certainement pas au mieux les intérêts de la Chine en la matière. En effet, Sino-U et ses partenaires détiennent une participation majoritaire de la mine de Somina, d’une capacité de 700 tonnes par an. Opérationnelle depuis 2011, elle devrait accélérer sa production pour atteindre 2500 tonnes par an d’ici 2015. Mais, entre les problèmes de sécurité au Sahel et les désaccords entre la direction de Sino-U et les travailleurs, il est à craindre que cet objectif ne soit compromis. Cette hypothèse peut se vérifier à travers les propos véhiculés par un mineur : « la direction a refusé de payer nos indemnités et primes de production, malgré avoir promis de le faire l’année dernière. Si rien n’est fait, nous allons lancer une grève illimitée ». Ce n’est nullement être un signe d’encouragement pour la Chine qui cherche à sécuriser ses sources d’approvisionnements, dont le Niger en est un pilier. Par ailleurs, le géant asiatique prévoit la construction de 27 réacteurs nucléaires. Chargée de ce plan, la China Guangdong Nuclear Power Corporation (CGNPC), une de ses firmes publiques, a finalisé, en décembre dernier, le rachat de Kalahari Minerals (basé et côté à Londres) pour 989 millions de dollars. On comprend alors que face à de tels projets, une grève, aussi minime soit-elle, ne saurait jouer en faveur de la balance chinoise.