Le non-dit sur le dernier raid aérien français au nord du Mali
Les informations sur l’offensive franco-malienne contre les combattants d’Al Qaïda et ses franchises au Nord du Mali prêtent souvent à la confusion parce qu’entourées du secret militaire. Le commandement de l’armée française qui dirige les opérations militaires sur le front malien évite souvent de livrer des détails qui pourraient mettre en péril la vie des soldats et surtout des otages qui sont encore entre les mains de leurs ravisseurs. C’est le cas du dernier raid aérien lancé le 23 février, par l’armée de l’air française dans la région d’In Sensa, dans le massif montagneux de Tigharghar, au Nord du Mali où ont tués, selon plusieurs sources concordantes, plus de quarante combattants djihadistes, dont un émir algérien, Abdelhamid Abou Zeid. Au cours de la même offensive, sept autres combattants, dont un Algérien, un Mauritanien et un élément du Polisario ont été faits prisonniers. Aucune précision ni du côté malien ni du côté français, n’a été révélée sur leur identité. Il semblerait selon un officier malien, que le commandement des troupes françaises (4000 hommes) a ouvert une enquête sur le terrain pour connaître l’identité des personnes tuées et surtout des sept combattants arrêtés pour connaître leur provenance. S’il est connu que la majorité des combattants et des émirs d’Aqmi et des autres groupes terroristes établis au Sahel, sont d’origine algérienne, le nombre et l’origine de ceux qui proviennent d’autres pays voisins et du camp de Tindouf sous contrôle du Front indépendantiste sahraoui le Polisario, échappent encore aux services de renseignement militaires français.
En attendant, l’incertitude régnait encore vendredi 1er mars, sur la mort d’Abou Zeid, de son vrai nom Mohamed Ghdiri. Cet un Algérien de 46 ans est devenu l’un des redoutables émirs (chefs) d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Il est le commanditaire de plusieurs opérations d’enlèvement d’otages occidentaux, dont les deux humanitaires espagnols et Italienne kidnappés en octobre 2011, dans les camps de Tindouf, vraisemblablement avec la complicité de hauts cadres militaires et sécuritaires du Polisario.
Sur le terrain des combats, les troupes françaises et tchadiennes (environ 2 000 hommes) se trouvent en première ligne dans l’extrême nord du Mali face aux combattants d’AQMI et du MUJAO qui ripostent par des actes de guérilla et d’attentats-suicides.
Par ailleurs, l’armée algérienne a renforcé sa présence au long de la frontière avec le Mali, fermée depuis le 14 janvier, par crainte d’incursion des djihadistes et surtout des 300 volontaires sahraouis armés dont la présence a été signalée par diverses sources, au nord du Mali. Les autorités d’Alger, initialement réticentes à une intervention militaire étrangère dans le conflit malien, avaient fini par autoriser le survol de son territoire par l’aviation militaire française.
Enfin, le président français François Hollande a affirmé que l’opération déclenchée le 11 janvier pour chasser les jihadistes du nord du Mali, était «sans doute dans sa phase ultime», consistant à aller les chercher dans une zone montagneuse là où ils se sont réfugiés au nord-est du pays.