Rwanda : Du nouveau sur l’origine du génocide …
Un rapport d’expertise judiciaire sur l’élément déclencheur du génocide rwandais de 1994, à savoir l’attentat contre l’avion du président Juvenal Habyarimana, a été publié mardi dernier. Selon ce document, les tirs de missiles responsables de ce coup de force provenaient d’un camp militaire loyaliste, ce qui remet sérieusement en question l’une des principales thèses sur l’histoire de ce massacre au pays des mille collines. Cette enquête, ordonnée par les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux en avril 2010, donne des conclusions claires : elle s’oriente vers des tirs de missile depuis le camp de Kanombe, qui était sous la tutelle de l’armée au moment des faits. Néanmoins, elle n’a pas pu préciser les responsables de l’attentat. Qu’à cela ne tienne, cet aboutissement suffit au camp de l’actuel chef d’Etat rwandais, Paul Kagame, pour clamer son soulagement après que justice soit faite. Car, selon une première thèse sur l’origine du génocide soutenue par le juge français Bruguière , l’avion présidentiel avait été abattu par des missiles tirés par les insurgés tutsis du Front Patriotique Rwandais (FPR), mouvement de rébellion à l’époque qui s’est mué depuis en parti politique cher à M. Kagame. Sur base de cette version de faits, des mandats d’arrêt avaient été signés en 2006 contre sept proches à l’homme fort rwandais. Aussi, l’avocat de ceux-ci, Me Bernard Maingain, n’a pas tardé à demander une mise hors de cause : « nos clients qui ont été injustement accusés et poursuivis pendant des années se trouvent confortés dans leurs positions », a-t-il déclaré. Ce ne sera pas aussi simple. Réagissant aux conclusions de ce nouveau rapport, l’opposition rwandaise en exil a exigé une enquête internationale sur le sujet. Une demande qui a du poids puisque cette famille politique est, notamment, constituée du Congrès National Rwandais (CNR), lequel est dirigé par bon nombre d’anciens proches collaborateurs de Paul Kagame.