Libéria : Les pavillons de complaisance rapportent
Depuis plus d’un demi-siècle, l’Etat libérien engrange des devises par un moyen bien astucieux, celui des pavillons de complaisance. En fait, c’est un système par lequel un Etat se fait rémunérer pour placer un navire étranger sous sa législation, généralement moins stricte. Ainsi, par ce moyen, la flotte libérienne totalise actuellement plus de 3500 bateaux et a rapporté plus de 20 millions de dollars américains au Trésor Public l’année dernière.
Tout avait commencé en 1948 quand le Secrétaire d’Etat américain de l’époque, Edward Stettinius, avait eu l’idée de faire enregistrer la flotte américaine sous la législation libérienne et, cela, à faible coût. Depuis, ce genre de collaboration a amplement fleuri. Actuellement, c’est une entreprise américaine, la Liberian International Ship & Corporate registry (LISCR), qui commercialise les immatriculations libériennes à 10 150 dollars américains l’année pour un navire de 20 000 tonnes et à 33 550 dollars l’année pour un bateau de 200 000 tonnes. Des tarifs aussi alléchants ne pouvaient qu’intéresser plus d’un Etat ; c’est pourquoi, le Panama est vite entré dans la danse pour devenir le leader mondial de ce commerce avec 22,6 % du tonnage mondial (8100 navires de 100 tonnes au moins), devant le Libéria (11,1 % – 2456) et les îles Marshall (6,1% – 1376). En ce moment, les pavillons libériens ont très bonne réputation. Pour preuve, sur 1523 navires libériens contrôlés par l’Organisation Maritime Internationale en 2010, seulement 33 ont été déclarés inaptes à la circulation. Un ratio (2,2 %) de loin meilleur que celui du Togo (23 %) ou du Cambodge (11,7%) par exemple, lequel résulte de la stabilité politique retrouvée en 2003 après 14 ans de guerre civile, période pendant laquelle la flotte libérienne ne comptait plus que 1750 bateaux.