Cameroun: La classe politique orpheline de John Fru Ndi, opposant historique au Président Paul Biya
Leader politique résolument engagé pour l’alternance politique pacifique depuis plus de 30 ans, John Fru Ndi est décédé à 81 ans «des suites d’une longue maladie», selon une annonce officielle faite ce 13 juin par son parti, le SDF (Social Democratic Front).
Opposant issu de la partie anglophone du Cameroun, Fru Ndi (parfait bilingue) s’est fait connaître de la grande scène politique africaine en s’affirmant comme candidat malheureux contre Paul Biya (90 ans, au pouvoir depuis 1982) aux présidentielles de 1992, 2004 et 2011. Des résultats officiels rejetés par le leader-fondateur du SDF.
Surnommé «le Chairman» pour ses qualités intellectuelles intrinsèques, Fru Ndi était très contesté ces dernières années par une partie des cadres de sa formation politique, en lui opposant plusieurs incuries. Le tournant dans la vie d’opposant du «Chairman» et de son parti est intervenu lors de la présidentielle de 2008. Affaibli physiquement, J. Fru Ndi, positionne alors le numéro 2 du parti, Joshua Osih (vice-président du SDF) comme candidat contre Biya. Les résultats officiels proclameront Maurice Kamto (chef de file du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun -MRC-) en deuxième position, reléguant le poulain du SDF loin derrière, en quatrième position. Un revers que le polyglotte Fru Ndi a difficilement accepté.
Marchand de fruits, de légumes puis libraire, John Fru Ndi a fait ses premières armes en politique dans les années 1980 au sein du RDPC (parti présidentiel) dont il deviendra un transfuge en 1990 à l’orée du multipartisme au Cameroun. Ces dernières années, le SDF a perdu de son influence dans son traditionnel et historique bassin électoral, face au RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) au pouvoir. Entre autres à cause de la guerre ambazonienne qui sévit dans le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun.
Leader pacifique, John Fru Ndi était foncièrement critiqué par les rebelles séparatistes qui affrontent le pouvoir central depuis plus de six ans le sud-ouest et le nord-ouest du Cameroun. Sa maison sera incendiée et il sera brièvement kidnappé en 2019 par un groupe armé qui avait affirmé «avoir voulu le convaincre de retirer les députés SDF de l’Assemblée nationale» via ce kidnapping.