Amnesty demande à la Tunisie une enquête sur la remise à Alger d’un réfugié politique
L’organisation de défense des droits humains Amnesty International a demandé mercredi à l’Etat tunisien d’ouvrir une enquête sur le transfert vers Alger du militant algérien Slimane Bouhafs, qui était réfugié politique en Tunisie.
Amna Guellali, directrice-adjointe pour la région Mena à Amnesty international, a appelé pour une enquête «impartiale et approfondie sur les circonstances du kidnapping, de la disparition forcée et ensuite de l’expulsion de Slimane Bouhafs vers l’Algérie malgré son statut de réfugié politique».
Selon Amnesty et une quarantaine d’autres ONG, Bouhafs a disparu le 25 août de son domicile à Tunis «dans des circonstances mystérieuses», une voiture l’a embarque à son domicile pour le conduire vers une destination inconnue. Les ONG, citant des médias algériens, ont affirmé que Bouhafs, 54 ans, avait été livré par les autorités tunisiennes à l’Algérie, pour y être jugé.
Selon Mme Guellali, il est réapparu à Alger «le 28 ou 29 août, plusieurs jours après sa disparition forcée». La Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH) a affirmé mercredi que Bouhafs devait comparaître ce même jour «devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger».
La LADDH a demandé au bureau du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) à Alger d’intervenir dans cette affaire, en soulignant que Bouhafs devait bénéficier de «la protection de la Convention internationale des droits des réfugiés ratifiée par la Tunisie et l’Algérie».
Selon Mme Guellali, Bouhafs est un «prisonnier d’opinion» qui a passé deux ans en prison «simplement parce qu’il a écrit des choses sur sa page Facebook qui n’ont pas plu aux autorités algériennes». Il avait été condamné en 2016 à cinq ans de prison dans son pays pour «insulte à l’islam». Il milite aussi au sein du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation classée «terroriste» par Alger et c’est la raison pour laquelle il est traqué par les services de sécurité et la justice algériens.