Violences au Nigeria : Washington condamne «le recours excessif à la force», Buhari rassure et apaise
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a condamné jeudi «le recours excessif à la force» par les militaires au Nigeria après la répression sanglante de manifestations pacifiques ayant fait au moins 12 morts à Lagos.
«Les Etats-Unis condamnent fermement le recours excessif à la force par les militaires qui ont tiré sur des manifestants pacifiques à Lagos, causant des morts et des blessés», a dit M. Pompeo, appelant à une enquête immédiate sur ces faits. «Les personnes impliquées doivent être tenues responsables selon les lois nigérianes», a-t-il précisé.
«Nous appelons les forces de l’ordre à faire preuve d’un maximum de retenue et à respecter les libertés fondamentales, et les manifestants à rester pacifiques », a ajouté le secrétaire d’Etat américain.
Une délégation de haut rang du département d’Etat américain s’est entretenue jeudi à Abuja, lors d’une rencontre prévue de longue date, avec le vice-président nigérian Yemi Osinbajo à qui elle a réitéré la «condamnation américaine».
Depuis près de deux semaines, le Nigeria, première puissance économique de l’Afrique, et pays le plus peuplé du continent, est secoué par une contestation inédite, née sur les réseaux sociaux. Des milliers de jeunes manifestent notamment contre les violences policières et le pouvoir en place accusé de mauvaise gouvernance. La police et à l’armée, mises en cause dans ces tueries, nient de leur côté toute responsabilité.Mais des vidéos de la fusillade montrant des militaires tirer à balles réelles au-dessus d’une foule qui agitait des drapeaux et chantait l’hymne national au péage de Lekki, avaient été largement relayées sur les réseaux sociaux, suscitant l’indignation.
Le président nigérian Muhammadu Buhari, un ancien militaire a prévenu jeudi les manifestants qu’il «n’autoriserait personne ni aucun groupe à mettre en péril la paix et la sécurité nationales», dans un discours très attendu par les quelque 200 millions de Nigérians. La Cour pénale internationale (CPI) a affirmé «suivre de près les incidents en marge des manifestations au Nigeria», dans un communiqué jeudi.