Le président tunisien plaide pour l’application de la peine de mort
Le président tunisien Kais Saied a remis en cause le moratoire sur la peine de mort observé depuis 30 ans en Tunisie en se disant favorable à son application après le meurtre d’une jeune femme, suscitant les critiques des ONG opposées à la peine capitale.
La semaine écoulée, Rahma, 29 ans, disparue à la sortie de son travail, son corps a été découvert dans un fossé sur l’autoroute reliant la capitale Tunis et le quartier résidentiel de La Marsa.
Rapidement interpellé, le suspect a fait des aveux, affirmant l’avoir étranglée et avoir volé son téléphone portable sous l’effet de l’alcool, selon le ministère tunisien de l’Intérieur.
Le porte-parole des services pénitentiaires, Sofiene Mezguich, a indiqué que le suspect avait déjà été condamné et emprisonné pour vols. Et qu’il avait bénéficié d’un non-lieu en 2014 dans une précédente affaire de meurtre et de vol commis en Libye.
«S’il est prouvé qu’il a tué une ou plusieurs personnes, je ne pense pas que la solution soit (…) de ne pas appliquer la peine de mort», a déclaré lundi soir, le chef de l’Etat Saied, lors d’une réunion du conseil de sécurité, selon une vidéo diffusée par la présidence.
Les propos du président ont choqué de nombreuses ONG. «Les propos tenus par Kais Saied sont très inquiétants», a réagi Chokri Latif, président de la Coalition tunisienne contre la peine de mort (CTCPM), regrettant une «position populiste sur une question si délicate».
«Une reprise des exécutions serait une insulte envers tous les progrès faits par le pays en matière de droits de l’Homme», a renchéri Amina Guellali, directrice régionale adjointe pour Amnesty International.
Le père de la victime a également réclamé que l’assassinat soit puni par la peine capitale, à l’instar de quelques dizaines de manifestants qui réclamaient la peine de mort devant le palais présidentiel samedi.