Soudan du Sud: des responsables gouvernementaux ont détourné des fonds (ONU)
Une commission de l’ONU a affirmé mercredi que des politiciens de haut rang et des responsables gouvernementaux du Soudan du Sud ont détourné des fonds provenant notamment du ministère des Finances, évoquant la somme de 36 millions de dollars empochés depuis 2016.
«Nous pouvons révéler le détournement d’un montant impressionnant de 36 millions de dollars depuis 2016», a annoncé la présidente de la commission Yasmin Sooka, devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève.
«Notre commission a découvert des détournements de fonds commis sans vergogne par des politiciens de haut rang et des responsables gouvernementaux, ainsi que par un certain nombre d’entités liées au gouvernement», a-t-elle dit, en ajoutant que le montant pourrait être plus important encore.
Les fonds détournés provenaient du ministère des Finances et de la Planification économique ainsi que de l’Autorité nationale du revenu, selon la commission de l’ONU, qui précise qu’une partie de l’argent a été blanchie par l’achat de propriétés à l’étranger.
«Il est choquant de constater que ces organismes sud-soudanais ont été aidés et encouragés dans ces crimes par un certain nombre de sociétés internationales et de banques multinationales», a relevé Mme Sooka.
Cette accusation de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU au Soudan du Sud, mise en place, intervient quelques jours après que le président sud-soudanais Salva Kiir a démis de ses fonctions le ministre des Finances et de la Planification, Salvatore Garang Mabiordit, dans un contexte de forte dévaluation de la devise nationale.
Le président a également ordonné le renvoi du chef du Trésor public et celui du directeur de la compagnie nationale pétrolière “NilePet”, sans donner d’explications. Le Soudan du Sud tente de sortir d’une guerre civile de six ans qui a fait quelque 380.000 victimes et grandement affecté sa production de pétrole brut, qui compte pour plus de 90% des recettes du pays.
Le dernier rapport des Nations unies sur la situation humanitaire dans le pays évalue à 7,5 millions le nombre d’habitants nécessitant de l’aide, notamment alimentaire pour 6,5 millions d’entre eux, soit plus de la moitié de la population estimée à plus de 12,5 millions.