L’armée quitte les rues au Lesotho où la crise politique se corse
L’armée du Lesotho est rentrée dimanche dans ses casernes au lendemain de l’opération ordonnée par le Premier ministre Thomas Thabane pour «restaurer l’ordre» face à ceux qui exigent sa démission.
Depuis le début de l’année Thabane est soupçonné par la police et la justice d’avoir ordonné l’assassinat de son ex-épouse en 2017, mais le chef du gouvernement s’accroche à son poste malgré la pression de son propre parti, la Convention de tous les Basotho (ABC) et de l’opposition qui exigent son départ.
Il a fait intervenir samedi l’armée pour «restaurer l’ordre» en réaction à l’attitude de « certaines personnes et institutions » qui, a-t-il accusé, «s’en prennent aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ». Mais, dimanche, les blindés et les soldats en armes qui patrouillaient dans les rues avaient regagnés leurs casernes.
Dans un communiqué signé avec ses homologues américain, britannique et de l’Union européenne (UE), l’ambassadeur de Pretoria à Maseru a rappelé «l’importance de maintenir la stabilité et l’Etat de droit» au Lesotho.
La population du Lesotho est placée sous confinement jusqu‘à au moins demain mardi pour endiguer la propagation du Covid-19, dont aucun cas n’a encore été signalé dans ce petit royaume africain.
Thabane a promis de partir à la retraite « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge mais l’ABC et l’opposition le soupçonnent de vouloir gagner du temps pour organiser son impunité judiciaire.
Ses adversaires ont formé le mois dernier une alliance politique pour le remplacer mais le chef du gouvernement a riposté en ordonnant la suspension du Parlement pendant trois mois, dans le cadre des mesures de lutte contre le coronavirus.
La Cour constitutionnelle a annulé son ordre jeudi, et précipité sa décision de faire intervenir l’armée. Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le Lesotho a connu depuis son indépendance en 1966, une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.
Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, le Lesotho partie des pays les plus pauvres de la planète.