HRW exhorte le Nigeria à libérer des milliers d’enfants détenus pour leurs liens supposés avec Boko Haram
Human Rights Watch a exhorté mardi le Nigeria à libérer des milliers d’enfants détenus par l’armée en raison de liens présumés avec les insurgés islamistes du groupe Boko Haram.
HRW affirme dans un rapport que des milliers d’enfants sont détenus arbitrairement dans des conditions dégradantes et inhumaines, en particulier dans la caserne de Giwa, dans la ville de Maiduguri, située dans le nord-est du pays.
« Les enfants sont détenus dans des conditions horribles depuis des années, avec peu ou pas de preuves de liens avec Boko Haram, et sans avoir été traduits en justice », relève Jo Becker, chargée de la défense des droits des enfants à Human Rights Watch.
Human Rights Watch a interrogé en juin 32 enfants détenus à la caserne de Giwa qui ont déclaré qu’ils n’avaient pas été traduits en justice. Environ un tiers des enfants interrogés ont déclaré que les forces de sécurité les ont battus pendant leur interrogatoire après leur arrestation à la caserne de Giwa.
L’armée nigériane a rejeté mardi dans un communiqué les conclusions du rapport de Human Rights Watch, affirmant qu’elles n’étaient pas seulement erronées mais de nature à empêcher le rétablissement de la paix.
« Il est bien connu que les terroristes de Boko Haram endoctrinent les femmes et les enfants, les utilisant comme des kamikazes lors de leurs opérations », a rappelé le porte-parole de l’armée, le colonel Onyema Nwachukwu.
Selon les Nations unies, 3.600 enfants, dont 1.617 filles, ont été détenus de janvier 2013 à mars 2019 pour leur implication présumée dans des groupes armés.
Human Rights Watch demande au gouvernement nigérian de signer un accord avec les Nations unies qui garantirait le transfèrement des enfants aux autorités de protection de l’enfance pour leur réunification familiale et leur réintégration dans la communauté.
L’insurrection de Boko Haram, qui dure depuis dix ans dans le nord-est du Nigeria, et sa répression par l’armée nigériane, ont tué plus de 27.000 personnes. Deux millions de personnes ont été déplacées par les attaques que Boko Haram mène également dans les pays voisins.