Pétrole : La Tunisie court le risque d’une pénurie dans 10 ans
La 15ème conférence annuelle de l’Association des économistes tunisiens (ASECTU) qui se tient du 12 au 14 juin à Hammamet (nord-est), s’est focalisée sur l’avenir pétrolier de la Tunisie.
Pour l’ancien ministre tunisien de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Kamel Ben Naceur, la Tunisie risquerait une pénurie totale de production pétrolière dans 10 ans.
Ben Naceur dit avoir constaté un désengagement voire même un certain désintérêt grandissant des principales compagnies pétrolières mondiales pour le marché tunisien.
«Il n’y a plus que 2 majors en Tunisie (ENI, BG/Shell), une compagnie moyenne (OMV), un indépendant régional (Perenco) et de petites compagnies (Winstar, Mazarine)», a fait remarquer l’économiste, indiquant faire ces prédictions sur la base de ce constat.
D’après l’ancien ministre, il existe actuellement 23 permis de recherche et de prospection pétrolière en Tunisie, comparé à 52 en 2010. En 2017, quatre permis ont été rendus et un autre suspendu, «d’où une chute des investissements d’exploration de 70%, durant cette année», a-t-il poursuivi, regrettant la détérioration catastrophique de la balance énergétique tunisienne et son impact élevé sur le déficit commercial et le budget de l’Etat.
Allant dans le même sens, l’expert international en la matière, Mustapha El Haddad, a estimé que la production nationale tunisienne d’hydrocarbures a chuté de 42% entre 2010 et 2018, passant de 6,7 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole) à 3,9 Mtep.
Le déficit commercial du secteur s’est multiplié par 12 fois durant la même période et les subventions de l’énergie par trois, a relevé Haddad, ajoutant qu’en plus, le nombre de permis d’exploration a baissé de 52 en 2010, à 21 en 2018. Quant au taux de dépendance énergétique, il a aussi été multiplié par 3 fois, passant de 19% à 47%.
Selon l’ASECTU les investissements d’exploration pétrolière ont été divisés par 9 fois depuis 2010.