L’Ouganda a aidé le Soudan du Sud à violer l’embargo sur les armes
Malgré les embargos sur les armes, le Soudan du Sud, qui a connu une guerre civile de décembre 2013 jusqu’à ces derniers mois, a continué à recevoir de l’armement qui a transité le plus souvent par des pays voisins, notamment l’Ouganda, estime un rapport d’enquête de l’ONG britannique Conflict Armament Research (CAR) publié jeudi.
L’enquête a duré quatre années et a établi comment des pays de la région, en particulier l’Ouganda, ont réussi à contourner les embargos pour alimenter en armes les protagonistes de la guerre au Soudan du Sud, qui a fait plus de 380.000 morts, selon une étude récente.
Malgré tout, l’armée gouvernementale, l’Armée de libération du peuple soudanais (SPLA), n’a jamais été à court d’armement et a continué à recevoir des armes fournies par l’Ouganda, et provenant parfois d’Europe ou des États-Unis, explique CAR.
L’ONG souligne que l’Ouganda « a continué à être un conduit pour le matériel » destiné à la SPLA. Le président ougandais Yoweri Museveni est un ardent soutien de son homologue sud-soudanais Salva Kiir. Kampala est accusé d’avoir fourni au Soudan du Sud des armes qu’elle avait reçues légalement de sociétés européennes et américaines en 2014 et 2015.
Ce faisant, l’Ouganda aurait contrevenu à des clauses censées garantir que les armes soient utilisées par les pays vers lesquels elles sont initialement expédiées. CAR dit avoir également découvert des preuves de ventes d’armes par le Soudan à la SPLA-IO – ce que les observateurs soupçonnaient depuis longtemps -, mais pas récentes. L’étude montre aussi combien les rebelles de l’ancien vice-président Riek Machar ont été isolés et ont eu du mal à se fournir en armes.
En juillet 2018, le Conseil de sécurité des Nations unies a imposé un embargo sur les armes au Soudan du Sud, mais depuis 1994, l’Union européenne (UE) a interdit à ses États membres de vendre directement des armes au Soudan. Elle avait amendé cet embargo pour inclure le Soudan du Sud à son indépendance du Soudan en 2011.