Benin : L’ex-président Soglo dénonce la politique économique «répressive» de Talon
L’ancien président et opposant béninois, Nicéphore Dieudonné Soglo a accusé mardi, le président du Benin, Patrice Talon de «dérives autoritaires», le taxant de «chantre de la répression syndicale et de la précarité», après sa déclaration polémique sur la nouvelle législation du travail devant des investisseurs étrangers.
Figure respectée dans le pays, l’ancien président Nicéphore Soglo, 83 ans, a dit lors d’une conférence de presse, s’inquiéter des dérives autoritaires de l’actuel chef de l’Etat ainsi que «du silence des organes de contre-pouvoir, de la société civile, des formations politiques et religieuses et surtout des syndicats».
Le président d’honneur du parti «La Renaissance du Bénin» et premier président élu démocratiquement (1991-1996), avait déjà organisé en septembre une conférence de presse au cours de laquelle il avait accusé Talon de «déclarer la guerre» aux Béninois, après l’adoption d’une nouvelle loi imposant des cautions exorbitantes pour être candidat aux élections.
Ce mardi, il a déploré que l’actuel «gouvernement, dit de la rupture, soit si allergique au dialogue». Cette déclaration fait écho à la polémique déclenchée après l’annonce, en marge du sommet économique Afrique-G20 à Berlin fin octobre, d’une nouvelle loi du travail au Benin.
Patrice Talon s’était alors réjouit devant les investisseurs allemands qu’une «nouvelle loi sur les conditions d’embauche dérégule désormais le recrutement et simplifie la rupture du contrat de travail», rappelant également la mise en place d’une «réforme du droit de grève qui limite la durée totale des grèves (…) à dix jours maximum par an».
Depuis son élection en mars 2016, le président Talon, riche homme d’affaires, régulièrement critiqué pour sa politique économique très libérale, a adopté des réformes controversées, suscitant des manifestations et des grèves peu de temps après son élection, avant qu’elles ne deviennent très réglementées, voire interdites dans certains secteurs.
Le 3 novembre, les forces politiques de l’opposition réunies au sein de la Coalition pour la défense de la démocratie (CDD), ont effectué une sortie publique pour « dire non à la mort programmée de la démocratie béninoise ».