L’opposant béninois Ajavon condamné à 20 ans de prison pour narcotrafic
La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) au Bénin, a condamné ce jeudi 18 octobre, l’opposant Sébastien Ajavon, à 20 ans de prison et à 5 millions de FCFA d’amende, pour trafic de drogue dure.
Le président du patronat béninois ayant préféré rester en France et refusé de se présenter devant les juges de ce tribunal spécial, a été condamné par défaut. Un mandat d’arrêt international a été émis à son encontre.
Les avocats de la défense dénoncent de graves irrégularités dans le système judiciaire, dont l’impossibilité d’avoir accès au dossier de leur client ou de prendre la parole pour le défendre lors de ce procès qui a duré moins d’une heure.
Jeudi, un important dispositif policier a été déployé avec de nombreux véhicules anti-émeute, empêchant les manifestants d’accéder à la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, un tribunal spécial créé fin août dernier.
Pour rappel, l’affaire remonte à 2016, lorsqu’un lot de 18 kg de cocaïne est découvert dans un conteneur en provenance du Brésil et qui était destiné à l’une des sociétés d’Ajavon, Comon Sa. L’homme d’affaires sera alors placé en garde à vue pendant huit jours, avant d’être libéré.
Le 4 novembre 2016, il a comparu devant le tribunal de première instance de Cotonou qui l’a relaxé au bénéfice du doute. Le camp Ajavon estimait avoir toutes les attestations de non-appel délivrées par le tribunal et la Cour d’appel de Cotonou, ce que réfute le gouvernement.
«Tous les avocats sont muselés, sauf les avocats de la partie civile», s’est indigné jeudi Me Bensimhon, la voix enrouée par la colère. «Ce qui s’est passé (pendant l’audience) est inadmissible. Cela fait 34 ans que je suis avocat, et je n’ai jamais eu à vivre une telle situation», a-t-il confié à la presse locale.
Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon, qui a fait fortune dans l’agroalimentaire, était arrivé troisième, et s’était rallié à l’actuel président Patrice Talon. Mais les relations entre les deux hommes se sont vite dégradées, Sébastien Ajavon ayant été visé par la justice dans plusieurs affaires.
Fin mars 2018, il a relancé sa carrière politique, en fondant l’Union sociale libérale (USL), son propre parti en vue de la présidentielle de 2020.