L’opposition en Tanzanie se retire du jeu électoral jusqu’à nouvel ordre
Le principal parti de l’opposition en Tanzanie Chadema a dénoncé la «prise en otage» de la démocratie par l’équipe dirigeante dans le pays et annoncé suspendre jusqu’à nouvel ordre, sa participation au processus électoral en guise de protestation.
«Nous ne pouvons plus participer à des élections de ce genre. La démocratie est prise en otage…Aller voter aujourd’hui, c’est comme aller à la guerre», a déclaré mardi lors d’une conférence de presse, le député Freeman Mbowe, président du Chadema.
Des policiers lourdement armés avaient été massivement déployés dans les circonscriptions concernées par les élections partielles de dimanche dernier, où les tanzaniens devaient élire deux parlementaires et choisir une quarantaine de responsables locaux.
«Dans de nombreux bureaux de vote, nos délégués ont été empêchés d’observer le déroulement des opérations de vote, d’autres ont été arrêtés ou battus», a affirmé Freeman Mbowe.
«Aujourd’hui, c’est le président de la République et les forces de sécurité qui décident de l’issue des élections, en violation de nos lois et de notre Constitution. C’est comme s’il n’y avait plus de loi », a martelé le chef de l’opposition.
Mbowe a annoncé que son parti allait attaquer tout le système électoral tanzanien devant la justice nationale, la Cour de justice de la communauté d’Afrique de l’est et la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples pour réclamer la mise en place d’une commission électorale indépendante, également demandée par la société civile tanzanienne.
Le mois dernier, un rapport des Etats-Unis avaient fait état de «violence électorale et d’irrégularités, incluant le refus par la Commission nationale électorale d’enregistrer des candidats de l’opposition, l’intimidation par la police de membres de partis d’opposition, des arrestations sans mandat d’arrêt et la suppression des droits de rassemblement et de parole à la veille des élections».
Les mêmes inquiétudes avaient été exprimées par certaines églises en Tanzanie, dont l’Eglise catholique et l’Eglise évangélique luthérienne.
Les inquiétudes des observateurs se sont renforcés depuis que le président John Magufuli a déclaré que son parti, le CCM, resterait au pouvoir à jamais.