Polémique en Italie suite à la reconduction de migrants en Libye
Des ONG et des politiques italiens ont accusé mardi le navire commercial italien Asso Ventotto d’avoir enfreint le droit international en reconduisant en Libye 108 migrants secourus dans les eaux internationales.
Ce navire a récupéré ces migrants sur un canot lundi soir à environ 60 milles nautiques au nord-ouest de Tripoli, selon son parcours sur les sites de suivi du trafic maritime.
«La Libye n’est pas un port sûr et cela peut conduire à une violation du droit international», a commenté le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), en précisant qu’il était encore en train de recueillir des informations sur cette affaire.
Nicola Fratoianni, député italien de gauche, qui a suivi les échanges radio du ravitailleur, à bord d’un navire d’une ONG espagnole, dénonce un «refoulement collectif».
L’ONG allemande Sea-Watch a évoqué «le premier refoulement par un navire italien depuis des années». En 2012, la Cour européenne des droits de l’Homme avait condamné l’Italie après qu’un navire militaire italien eut ramené des migrants en Libye en 2009.
La Libye était alors dirigée par Mouammar Kadhafi, mais a plongé dans le chaos depuis son assassinat en 2011 par une coalition internationale emmenée par la France. Les migrants africains y subissent détentions arbitraires, abus, violences et extorsions, alors qu’en Italie 40% de ceux qui ont demandé l’asile ces dernières années ont obtenu un permis de séjour.
«La Libye n’est pas un endroit sûr (…), nous ne pouvons pas laisser les migrants là-bas», avait déclaré lundi soir Roberto Fico, président de la Chambre des députés issu du Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste).
Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur et chef de la Ligue (extrême droite, alliée au M5S), a cependant rejeté les critiques: «Les ONG protestent et les trafiquants perdent leur business? C’est bien, nous continuons», s’est-il interrogé, en répétant son slogan: «Ports fermés, cœurs ouverts».