Soudan du Sud : Washington demande au Kenya de s’attaquer à l’argent de la guerre
En tournée en Afrique de l’Est, la sous-secrétaire américaine au Trésor chargée du terrorisme et du renseignement, Sigal Mandelker a demandé mercredi, au Kenya de mieux lutter contre les investissements sur son sol des riches élites sud-soudanaises, qui ont profité de la guerre civile qui ravage leur pays depuis décembre 2013, pour s’enrichir.
«Je veux être très claire : ceux qui profitent des violations des droits de l’Homme et de la corruption, qui s’en prennent aux pauvres et aux innocents, aux mères et aux enfants, doivent tenir compte de nos avertissements», a déclaré Mme Mandelker lors d’une conférence de presse à Nairobi.
L’élite politique et militaire sud-soudanaise, dont le président sud-soudanais Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, devenu son ennemi à la tête de la rébellion, est accusée par la fondation américaine The Sentry, co-fondée par l’acteur George Clooney, de s’être enrichie grâce à la guerre civile, en luttant pour le contrôle des abondantes ressources naturelles du pays, notamment le pétrole.
« Nous couperons votre accès au système financier des États-Unis et nous travaillerons avec nos partenaires dans cette région et ailleurs pour qu’ils fassent de même», a ajouté la sous-secrétaire américaine au Trésor chargée du terrorisme et du renseignement, qui avait tenu des propos similaires en début de semaine en Ouganda.
Mme Mandelker a en particulier demandé au Kenya d’interdire l’entrée du territoire aux personnalités sud-soudanaises figurant sur une liste noire établie depuis 2015 par les États-Unis, et de geler leurs comptes bancaires et saisir leurs propriétés.
Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011 avec le soutien essentiel de Washington, qui reste son principal donateur, mais qui est de plus en plus mécontent de la gestion du gouvernement du président Salva Kiir.
Deux ans après la partition, le Soudan du Sud s’est enfoncé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire catastrophique.