Maroc : Poursuite du procès des meneurs du « Hirak »
Le procès des 54 militants du mouvement de protestation sociale qui a agité l’an dernier la région nord marocaine du Rif, s’est poursuivi ce jeudi à Casablanca, par une audience consacré à l’attaque et l’incendie volontaire d’un bâtiment où résidaient des policiers.
Ces personnes sont jugées en première instance depuis la mi-septembre devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca (ouest), pour leur lien avec le « Hirak » (mouvance), nom donné localement à ce mouvement social qui a secoué le Rif.
Alors que les prévenus ont tous comparu, la Cour a entendu jeudi Mimoun B, un policier qui a témoigné à la demande de la partie civile, au sujet de l’attaque et l’incendie d’une résidence de la police en mars 2017 à Imzouren, autre haut-lieu de la protestation dans le Rif.
Des manifestants avaient à l’époque attaqué à coups de pierres le bâtiment et mis le feu à ses abords, ce qui avait nécessité l’évacuation par les toits de dizaines de policiers, selon les autorités locales.
Le témoin a dit avoir été appelé en renfort durant l’incendie avec d’autres de ses collègues alors qu’il se trouvait à Al-Hoceïma, épicentre du mouvement, à une vingtaine de kilomètres d’Imzouren. Il a dit avoir « vu des flammes à tous les niveaux du bâtiment », mais « n’a pas vu les auteurs » de l’incendie.
Lors d’une précédente audience, un autre témoin avait accusé le leader du «Hirak» Nasser Zefzafi d’en avoir été l’instigateur. Appelé à la barre, le leader du mouvement, poursuivi notamment pour «atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat», avait nié en bloc et fustigé des «mensonges».
Nasser Zefzafi, maintenu en isolement depuis son incarcération il y a un an à la prison d’Oukacha à Casablanca, a entamé le 23 mai une grève de la faim.
Environ 450 personnes, selon des associations, ont été arrêtées pendant les événements de protestations ayant éclaté au lendemain de la mort tragique d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordure en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise, de l’espadon interdit à la pêche, en octobre 2016.
L’Etat a de son côté pointé du doigt les «violences» qui ont fait plus de 900 blessés chez les forces de l’ordre, selon le bilan officiel publié pendant le procès.
Des projets de développement avaient été lancés ou relancés dans la région, et des ministres et hauts responsables ont été démis de leurs fonctions, suite à ces troubles dans le nord du Maroc.