La justice ivoirienne annonce l’apurement «des dossiers dits de la crise postélectorale»
La justice ivoirienne a annoncé l’«apurement définitif du passif des dossiers dits de la crise postélectorale» avant la fin de l’année judiciaire, en réaction à une lettre ouverte au président ivoirien Alassane Ouattara, fustigeant «une justice à l’arrêt» sur ces crimes.
Mardi, dix organisations ivoiriennes et internationales de défense des droits de l’homme avaient publié une lettre ouverte au président ivoirien Alassane Ouattara, fustigeant «une justice à l’arrêt» sur ces crimes. «Sept ans après les graves crimes commis en Côte d’Ivoire, les victimes attendent toujours que justice leur soit rendue», ont plaidé les ONG.
Le lendemain, le procureur général Léonard Lebry, donnant pour la première fois un bilan de l’action judiciaire sur les crimes de la crise post-électorale, a, dans un communiqué, expliqué qu’elle avait abouti à la condamnation de 149 personnes, à l’issue de 30 procès.
«La Cour d’appel d’Abidjan a organisé, de 2012 à 2018, 30 procès concernant 182 accusés, dont 149 ont été condamnés à des peines allant de cinq ans de prison à l’emprisonnement à vie, 3 personnes ont été acquittées», précise le procureur général.
«Les quelques procédures, encore pendantes devant les juges d’instruction (…) sont sur le point d’être achevées, pour être passées en jugement, le cas échéant, à la prochaine session de la Cour d’assises d’Abidjan (…) avant la fin de l’année judiciaire et qui permettra d’apurer définitivement le passif des dossiers dits de la crise postélectorale», assure M. Lebry.
La crise postélectorale ivoirienne a opposé pendant cinq mois les camps de l’ex-président Laurent Gbagbo et celui d’Alassane Ouattara après les résultats contestés de l’élection présidentielle de 2010. Elle avait fait 3.000 morts au moins, et avaient été marquée par de nombreuses atrocités contre des civils.
Dans leur lettre, les ONG s’inquiétaient également d’une différence de traitement par la justice entre les deux camps de la crise, celui de l’ex-président Laurent Gbagbo et celui de l’actuel président Alassane Ouattara. L’Association des femmes et familles des détenus d’opinion de Côte d’Ivoire (Affdo-CI) a également critiqué jeudi la longévité des procédures et dénoncé la «partialité du système judiciaire».