Tunisie: Faible participation pour les premières municipales de l’après-révolution
Les premières municipales libres de Tunisie ont été marquées par une importante abstention. Les 5,4 millions de Tunisiens inscrits pour élire les conseillers des 350 municipalités à la proportionnelle à un tour, ne se sont pas bousculés pour voter.
Le dernier chiffre donné par l’instance en charge des élections (Isie), était de 33,7% de participation seulement.
Dans les bureaux de vote, les électeurs arrivaient au compte-goutte. Les jeunes qui se disent « déçus » des politiques étaient particulièrement peu nombreux à voter.
En effet, sept ans après la révolution, qui avait suscité de nombreux espoirs, beaucoup de Tunisiens se disent démobilisés en raison de inflation et du chômage, mais aussi des « arrangements » présumés entre partis dominants.
Avant de voter, le président Béji Caïd Essebsi, 91 ans, a lui-même exhorté les Tunisiens à exercer leur « devoir national », soulignant que « la démocratie ne s’impose pas, elle s’exerce ».
Repoussées à quatre reprises en raison de blocages logistiques, administratifs et politiques, ces municipales constituent les premières élections depuis les législatives et la présidentielle de 2014, alors saluées par la communauté internationale.
Ce scrutin est « historique » pour la Tunisie, a fait valoir le vice-président du Parlement européen, Fabio Castaldo, chef des observateurs envoyés par l’UE.
Plus de 57.000 candidats étaient en lice, dont la moitié de femmes et de jeunes. Sur les 2.074 listes en course, 1.055 sont issues de partis, 860 indépendantes et 159 de coalition, selon l’Isie.
Dans la foulée de la chute du régime de Zine Al Abidine Ben Ali en 2011, les municipalités avaient été dissoutes et remplacées par de simples « délégations spéciales », dont la gestion a été décriée.
A ce titre, ces municipales marquent le premier pas tangible de la décentralisation, inscrite dans la Constitution et l’une des revendications de la révolution.