Le président centrafricain Touadéra dénonce l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques
Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a décrété mercredi un deuil national du 3 au 5 mai et dénoncé une instrumentalisation de la religion à des fins politiques, au lendemain d’affrontements meurtriers à Bangui qui font ressurgir le spectre des violences intercommunautaires entre Musulmans et Chrétiens.
Les violences qui ont secoué Bangui dans la journée du 1er mai ont éclaté dans le quartier de Fatima, non loin du PK5, avec « des échanges de tirs intenses entre les forces de sécurité intérieure et des éléments armés du groupe criminel dénommé «Force», qui auraient ouvert le feu dans l’église Notre-Dame de Fatima en plein office, suite à l’arrestation d’un des leurs par les forces de sécurité intérieure», indique un communiqué de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca).
Le bilan s’élève à au moins 16 morts et une centaine de blessés, selon des sources médicales. En représailles, deux personnes soupçonnées d’être des musulmans ont été lynchées et une mosquée incendiée, laissant craindre un retour des violences interreligieuses qui ont marqué le conflit centrafricain en 2013-2014.
«Ce conflit n’est pas confessionnel», a tenu à rassure ce mercredi, le président Touadéra qui s’exprimait à l’église Saint Paul en présence de l’archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga. Il a dénoncé la tentative de certains groupes armés de «confessionnaliser leur ambition politique et le pillage du pays».
Depuis 2013, la Centrafrique est embourbée dans un conflit meurtrier. La descente en 2013 sur Bangui de la rébellion de la Séléka, prétendant défendre les musulmans, a entraîné la réaction de milices « antibalakas », souvent chrétiennes et animistes.
L’Etat centrafricain n’a d’autorité que sur une maigre partie du territoire. Une situation qui a poussé le président, Faustin-Archange Touadéra, à réclamer le renforcement de la Minusca. La semaine dernière, la Côte Ivoire a d’ailleurs annoncé l’envoi prochain d’un contingent de 450 soldats supplémentaires, en renfort.
L’Union africaine (UA), qui promeut une feuille de route pour la paix en Centrafrique à rencontré ces dernières semaines la quinzaine de groupes armés qui sèment la violence dans les provinces du pays, à travers un groupe de facilitateurs.