Le Tchad lance la construction d’un premier dépôt pétrolier pour stabiliser les prix
Le président tchadien Idriss Deby Itno a lancé ce mercredi la construction d’un premier dépôt pétrolier pour stabiliser les prix des carburants au Tchad, lutter contre la fraude et éviter les pénuries.
Selon le président Deby, ce dépôt situé à 35 km au nord de la capitale, N’Djamena, à proximité de la raffinerie de Djarmaya, permettra «non seulement d’avoir un prix fixe sur l’ensemble du pays, mais surtout de lutter contre la fraude au carburant à l’importation ou à l’exportation».
D’une capacité de 36 millions de litres, ce dépôt, le premier du genre dans ce pays pétrolier d’Afrique centrale, pourra éviter les pénuries en garantissant « l’approvisionnement du Tchad pendant deux ans au cas où la raffinerie (du pays) connaîtrait des problèmes», a ajouté Deby.
En janvier, les transporteurs s’étaient mis en grève pour protester contre l’augmentation du prix du carburant à la pompe.
Selon la Banque mondiale, le Tchad «devenu très dépendant» du pétrole depuis 2003, a subi les conséquences de la chute du prix du baril en 2014, qui a remonté légèrement en 2018.
Dans un rapport publié en juin, le Tchad a été pointé du doigt pour son manque de transparence par l’ONG Swissaid. L’auteur du rapport, Lorenz Kummer, y a dénoncé «l’opacité» de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), une société étatique qui supervise la production et la commercialisation du brut tchadien. Cette société, a-t-il ajouté, «ne publie pas ses comptes et n’est soumise à aucun audit externe».
Le rapport a souligné aussi le manque de « transparence » de la compagnie pétrolière Glencore, présente au Tchad depuis 2013, et avec laquelle N’Djamena a renégocié en février une lourde dette étatique de 1,36 milliard de dollars vis-à-vis de cette société, un chiffre qui équivaut à environ 15% du PIB du Tchad.
Lancée mercredi, la construction du dépôt coûtera à l’Etat environ 13 milliards de francs CFA (plus de 24 millions de dollars) et les travaux dureront 18 mois, selon les autorités. La réalisation de ce projet a été attribuée à la société française Parlym international, sous supervision de la Société des hydrocarbures du Tchad.