Enlèvement d’un sous-préfet et assassinat de quatre gendarmes au nord du Cameroun
Le sous-préfet de Batibo, une commune située dans le département de la Momo, dans la région du nord-ouest du Cameroun, a été kidnappé dimanche, selon des sources sécuritaires et des témoins.
L’enlèvement n’avait pas encore été revendiqué, mais pour les autorités sécuritaires, ses auteurs seraient à rechercher parmi «des assaillants de la branche armée des sécessionnistes anglophones».
D’après Joseph Mbah-Ndam, député de la ville, la voiture du sous-préfet, «enlevé», lors de la parade organisée tous les 11 février à l’occasion de la fête nationale de la jeunesse, a été retrouvée, dimanche matin, calcinée dans un village. Les assaillants auraient pris la fuite vers une destination inconnue. La parade elle-même avait été interrompue à cause des tirs.
Vendredi, une note interne du ministère de la défense camerounais faisait état de menaces d’«attaques imminentes» de sécessionnistes contre «plusieurs villes» du Cameroun anglophone. Un couvre-feu a été instauré dans les deux régions anglophones.
Malgré le dispositif, un kamikaze a été abattu par l’armée camerounaise dimanche à Kordo, dans l’extrême-nord et trois gendarmes ont été tués le même jour à Kembong, dans le Sud-Ouest, où l’armée mène des opérations.
Depuis le début de la crise anglophone, 26 membres des forces de sécurité ont été tués par des séparatistes présumés des régions anglophones, selon des sources officielles.
«Il a été demandé aux éléments de continuer à faire preuve de sang-froid. Toutes les provocations d’une audace extrême ont été évitées», a déclaré le colonel Didier Badjeck, porte-parole de l’armée camerounaise, qui s’était défendu vendredi des accusations d’exactions de forces de sécurité lors d’opérations contre les séparatistes anglophones.
Jeudi dernier, l’Union européenne avait jugé en effet, «essentiel» que l’armée du Cameroun fasse un usage proportionné de la force, alors que les témoignages à charge se multiplient contre cette armée dans la presse et sur les réseaux sociaux.
Aucun bilan sur le nombre de morts civils ou de séparatistes n’a pu être établi de source officielle depuis le début de la crise. Près de 33.000 personnes qui fuient les violences, essentiellement des villageois, se sont réfugiées au Nigeria.
La situation sécuritaire dans les zones anglophones du Cameroun s’est considérablement détériorée depuis l’annonce fin janvier de l’extradition de 47 séparatistes arrêtés au Nigeria, dont leur leader Sisiku Ayuk Tabe.