Répression des marches en RDC/ Le cardinal Monsengwo contredit le bilan des autorités
Laurent Cardinal Monsengwo Pasinya, l’archevêque de Kinshasa, figure forte de l’Eglise, a dénoncé la répression du pouvoir congolais contre les manifestations organisées dimanche dernier par les laïcs catholiques à travers le pays.
Le cardinal a souligné que l’Eglise a «compté des morts, des blessés, des arrestations de prêtres, des religieux et de plusieurs laïcs, des vols, des extorsions des biens des citoyens. Alors que le chef de la police avait annoncé la consigne selon laquelle il n’y aurait aucun décès, que les droits humains seront respectés».
«Comment peut-on tuer des hommes, des femmes, des enfants, jeunes et vieux scandant cantiques religieux, munis de Bibles, chapelets, crucifix ? Que veut-on au juste ? Le pouvoir pour le pouvoir ou bien le pouvoir pour le développement intégral du peuple, dans la Paix, la justice et la vérité. Nous voulons que règne la force de la loi et non la loi de la force», s’est interrogé le cardinal mardi devant des journalistes à Kinshasa, dénonçant «une prison à ciel ouvert», en RDC.
Alors que le gouvernement fait l’objet de critiques sévères de la part des leaders des églises catholiques et protestantes, la ministre des droits humains, en visite à Paris, a promis que les responsables des bavures policières seront poursuivies en justice.
Le cardinal Monsengwo avait, lors de sa précédente sortie, demandé que les « médiocres dégagent et laissent la place » à ceux qui peuvent diriger le pays, suscitant une vive réaction des autorités.
Le numéro un de l’église protestante, le pasteur François-David Ekofo a, lui, demandé que «l’on sache passer le bâton comme dans une course de relais pour que tout le pays gagne».
Le chef des musulmans en RDC, Cheick Ali Mwinyi M’Kuu, a exhorté samedi les autorités à « éviter de réprimer » la marche des catholiques contre le maintien du président Joseph Kabila au pouvoir.
La CENI (Commission électorale nationale indépendante) a reporté une énième fois les élections pour le 23 décembre 2018. En attendant cette nouvelle échéance, l’opposition et la société civile demande au président Kabila, dont le mandat a expiré le 19 décembre 2016, de faire place à une transition.