L’opposition camerounaise dénonce la militarisation de la zone anglophone
Le parti de l’opposition camerounaise «Social democratic front» (SDF), a accusé mercredi à Yaoundé, le gouvernement d’avoir militarisé les zones anglophones du Cameroun, appelant à la tenue d’un dialogue inclusif.
«C’est une évolution dramatique et inquiétante» de la crise anglophone, imputable au régime du RDPC, le parti au pouvoir, a déclaré Jean Tsomelou, secrétaire général du SDF, en référence à l’armée déployée dans le nord du pays qui est en proie à des violences depuis plusieurs mois.
Les affirmations de militarisation des zones anglophones prennent le contre-pied du gouvernement qui parle plutôt «de la sécurisation de ces deux régions».
En novembre les députés du Social Democratic Front (SDF) ont tenté de bloquer les travaux de la séance de l’assemblée nationale, en exigeant que le problème anglophone soit examiné en urgence par les députés.
Le SDF annonce dans les prochains jours, un déploiement de ses députés et sénateurs dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest pour discuter avec les populations de ces régions.
La sécurité dans les régions anglophones du Cameroun, en proie à une grave crise socio-politique depuis un an, s’est considérablement dégradée enquelques semaines.
Fin novembre, quatre militaires ont été égorgés dans la zone. Les faits se sont produits à Agborkem German, où se trouve un poste avancé de l’armée camerounaise à la frontière Cameroun-Nigeria, dans le département de la Manyu, région du Sud-Ouest.
Vendredi dernier, dans une déclaration à la presse, le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma, a réaffirmé «l’engagement ferme et irrévocable» du président Paul Biya «de mobiliser tous les moyens disponibles et appropriés, afin de débarrasser notre pays» des séparatistes, «hordes barbares (…) qui se sont jurées de parvenir à la déstabilisation du Cameroun».
Depuis novembre 2016, la minorité anglophone du Cameroun qui vaut environ 20% des 23 millions d’habitants du pays, proteste contre sa marginalisation. Certains exigeant le fédéralisme, d’autres, la sécession. Le régime de Yaoundé rejette ces deux options.