Emmanuel Macron expose les grandes lignes de sa politique africaine devant des étudiants à Ouagadougou
Le président français Emmanuel Macron a abordé mardi plusieurs sujets sensibles lors d’un discours suivi de questions-réponses devant 800 étudiants de l’université de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, première étape de sa tournée africaine.
Le chef de l’Etat français a passé au crible dans une atmosphère tendue, les questions de colonisation, de terrorisme, des migrants, et l’affaire de l’assassinat de l’ex-président burkinabé Thomas Sankara.
Déjà lundi, deux heures avant l’arrivée du président français, des individus à moto ont lancé une grenade contre un véhicule de soldats français dans le nord de Ouagadougou, sans atteindre leur cible, mais blessant trois riverains. L’attaque n’a pas été revendiquée.
Mais les tensions ont persisté ce mardi. Pour protester contre la venue du président Macron, des dizaines de manifestants, ont scandé des slogans tels que «A bas l’exploitation de l’Afrique par l’Occident», ou dressé des barricades sur l’avenue qui mène à l’université de Ouagadougou.
Alors même que la manifestation battait son plein, Macron assurait dans son discours devant les étudiants burkinabés que «les crimes de la colonisation européennes sont incontestables», appelant à une «relation nouvelle» entre son pays et le Continent Africain.
Le président français s’est présenté comme le représentant d’une nouvelle génération, tout en relevant qu’il y avait eu aussi «de grandes choses et des histoires heureuses » dans ce passé colonial.
Macron a annoncé qu’il allait «proposer une initiative euro-africaine» au sommet UA-UE qui débute ce mercredi à Abidjan, pour «frapper les organisations criminelles et les réseaux de passeurs» qui exploitent les migrants subsahariens en Libye. Il a également annoncé «un soutien massif à l’évacuation des personnes en danger» de la Libye, qualifiant de «crime contre l’humanité» la vente de migrants comme des esclaves.
A l’issue d’un entretien avec le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, le président français a en outre pris mardi des engagements sur le dossier très sensible concernant l’assassinat de l’ancien président burkinabè Thomas Sankara au Burkina. Il a promis que tous les documents secrets français concernant cet assassinat a en 1987 seraient «déclassifiés».
Macron a aussi évoqué le cas de François Compaoré, le frère de l’ex-président Blaise Compaoré, arrêté en France fin octobre dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat en 1998 du journaliste Norbert Zongo, et dont le Burkina réclame l’extradition. «Il appartient à la justice française de prendre sa décision, je ferai tout pour faciliter celle-ci», a-t-il affirmé.
Le président français se rend ce mercredi à Abidjan pour prendre part au 5ème sommet Union Européenne – Union Africaine, il terminera sa tournée par une visite au Ghana, la première du genre d’un chef d’Etat français en exercice, dans un pays africain anglophone.