La Tunisie lance une campagne pour vulgariser les droits des prévenus trop peu respectés
Deux organisations ont lancé mardi en Tunisie, en coordination avec les autorités locales, une campagne de sensibilisation à l’adresse des Tunisiens pour faire appliquer une loi adoptée en 2016, visant à garantir les droits des prévenus pendant la garde à vue.
L’ONG Avocats sans frontières (ASF) et l’Ordre national des avocats de Tunisie (Onat) espèrent, à travers des affichages, des caravanes dans le Grand Tunis, des spots télévisés et des mini carnets rédigés en dialecte tunisien, résumant les droits des détenus pendant la garde à vue, vulgariser et faire appliquer la loi de 2016, un texte clé encore trop peu connu des citoyens.
Cette législation avait été saluée comme une «grande avancée» en matière de droits de l’Homme. Car à l’exclusion des crimes qui relèvent de la loi antiterroriste, elle donne notamment le droit à la présence d’un avocat dès le début de la détention et réduit la période maximale de la garde à vue à 48h, renouvelable une fois selon les cas, contre 72 heures auparavant.
Antonio Manganella, directeur d’ASF en Tunisie, a déclaré lors d’une conférence de presse organisée ce mardi dans un commissariat en présence de représentants des ministères de la Justice et de l’Intérieur, que cette réforme procédurale «est la clé d’accès à un procès équitable pour toute personne devant se confronter à la chaîne pénale».
Aujourd’hui, en ce qui concerne la garde à vue, « la Tunisie en matière législative est beaucoup plus en avance que des pays considérés comme avancés », a fait valoir M. Manganella.
Cependant, selon des chiffres officiels, de juin 2016 à mars 2017, dans les postes de police, moins de 20% des prévenus seulement ont bénéficié de la présence d’un avocat. C’est pourquoi la campagne vise les citoyens, «qui doivent savoir qu’ils ont des droits», a renchéri le bâtonnier de Tunisie, Ameur Meherzi.