Le Cameroun accuse l’ICG d’être « à la solde des mouvements sécessionnistes »après son rapport sur la crise anglophone
Le gouvernement camerounais a qualifié ce mercredi l’International Crisis Group (ICG)d’ « une véritable officine de déstabilisation (du Cameroun) », après un rapport de ce centre d’analyse dénonçant « une répression meurtrière » et un risque « d’insurrection armée » dans les régions anglophones du pays.
Le gouvernement par la voix de son porte-parole, Issa Tchiroma Bakary, a assuré que l’ICG est « à la solde des mouvements sécessionnistes et des intérêts inavoués qui ne rêvent que d’installer le chaos dans notre pays ».
Dans son rapport publié le 19 octobre, l’ICG avait appelé le président camerounais Paul Biya à « prendre ses responsabilités » et à « agir vite » dans les régions anglophones du Cameroun, en crise depuis fin 2016, où la « répression meurtrière » des autorités alimente un risque d’ « insurrection armée ».
Le centre d’analyse avait ainsi révélé que « du fait de cette répression meurtrière, les rangs des sécessionnistes augmentent de jour en jour, et certains d’entre eux évoquent plus résolument l’idée d’une lutte armée ou de l’autodéfense ».
Mais M. Tchiromajuge « fantasmagorique », les analyse de ICG, qui ne sont que de « grossière tentative de désinformation ».
Depuis novembre 2016, la minorité anglophone du Cameroun qui représente environ 20% des 23 millions d’habitants,proteste contre sa marginalisation. Certains anglophones demandent le fédéralisme alors que d’autres la sécession. Mais ces deux options sont rejetées par le régime du président Paul Biya.
La police avait quadrillé samedi certaines rues de la ville de Douala (sud), pour y empêcher la tenue d’une manifestation interdite, organisée à l’appel du Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition anglophone du pays, qui entendait exprimer sa « solidarité » aux populations anglophones.
Les manifestations se sont d’ailleurs multipliées depuis le début de la crise, surtout dans le nord du pays. Dans son rapport, l’ICG évoque des « dizaines de morts » pour le 1er octobre, et parle d’ « au moins 40 morts et plus de 100 blessés » du 28 septembre au 2 octobre.
L’ICG a aussi publié ce mercredi un nouveau rapport sur le Cameroun, cette fois sur l’Extrême-Nord, et son économie sinistrée par le conflit avec les jihadistes de Boko Haram venus du Nigeria voisin.