Le Premier ministre camerounais promeut «paix et le vivre ensemble» en zone anglophone
Le Premier ministre camerounais, Philemon Yang, poursuit ce mardi des consultations entamées la veille à Bamenda, dans le nord-ouest du Cameroun, dans le cadre d’un processus de «dialogue» avec les populations des zones anglophones du pays, qui connaissent une grave crise socio-politique.
La primature a indiqué lundi dans un communiqué que le président Paul Biya avait recommandé à son Premier ministre d’envoyer des «délégations d’élites» anglophones dans leurs régions dès dimanche afin de «dialoguer» avec les populations.
Selon la Cameroon radio television (Crtv), le premier ministre Philemon Yang, «porteur d’un message de paix et de vivre ensemble», a lui-même rencontré lundi a Bamenda, des responsables des syndicats des transporteurs, d’enseignants, de vendeuses, et notamment des opérateurs économiques, dont des banquiers.
La Crtv a expliqué que les participants à cette concertation ont soumis au Premier ministre des propositions «pour une sortie de crise définitive», dont le dernier épisode a provoqué de «malheureux et regrettables événements» survenus dans les zones anglophones le 22 septembre et le 1er octobre, des journées marquées les violentes réactions des forces de l’ordre aux manifestations des partisans de la sécession.
Au moins 14 personnes ont été tuées le 1er octobre lors de la proclamation symbolique de l’Ambazonie, du nom de l’Etat que les sécessionnistes anglophones veulent créer. Des ONG et des responsables de l’opposition avancent un bilan beaucoup plus lourd, et accusent militaires et policiers d’avoir ouvert le feu sur les populations civiles, notamment depuis des hélicoptères.
Mais, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, porte-parole du gouvernement, chiffre le bilan à 10 morts et estime que ces évènements du 1er octobre «sont le fait de certains extrémistes violents» dont le «plan diabolique» a été déjoué et qui voulaient «provoquer une réaction vigoureuse des forces de sécurité et entraîner un bain de sang (…) ». Selon lui, « aucune manifestation intervenue à cette occasion n’a fait l’objet d’une répression par des tirs à balles réelles».
Depuis novembre 2016, la minorité anglophone du Cameroun, qui représente environ 20% des 22 millions de Camerounais et 2 régions sur 10, proteste contre ce qu’elle appelle sa « marginalisation » dans la société. Alors que certains anglophones exigent le retour au fédéralisme, d’autres réclament la partition du Cameroun. Toutes les options sont rejetées par Yaoundé.