L’ancien chef d’état-major ivoirien, Philipe Mangou témoigne au procès Gbagbo
La cour pénale internationale (CPI) a débuté ce lundi, l’audition très attendu, de l’ancien chef d’état-major des forces armées dans le procès de l’ex-président Ivorien Laurent Gbagbo, poursuivi pour les violences post-électorales en 2010-2011.
Considéré comme témoin-clé après le passage de certains généraux de l’armée, le témoignage de Philippe Mangou, 65 ans, autrefois pilier du pouvoir sous Laurent Gbagbo, et aujourd’hui témoin de l’accusation, était très attendu par les deux camps.
Mangou a exposé au premier jour de son témoignage, le fonctionnement de l’armée et évoqué ses contacts avec l’ancien chef d’Etat accusé de crimes contre l’humanité. Il a indiqué qu’avec M. Gbagbo, il n’« avait pas de relations particulière », mais « ce sont des relations de président de la République à chef d’état-major des armées, donc de chef à collaborateur. »
Lors de la crise post-électorale de 2010, entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, l’actuel président et des membres du gouvernement de son Premier ministre, Guillaume Soro, s’étaient retranchés dans l’hôtel du Golf à Abidjan, soumis à un blocus.
Mais aux yeux de M. Mangou, l’hôtel n’était pas soumis à un blocus. Il a déclaré à la cour que l’objectif était d’éviter « que nos frères (militaires) ne sortent (…) du Golf pour aller commettre des faits en ville en vue de faire porter la responsabilité aux forces de défense et de sécurité », assurant qu’aucun ordre n’avait été donné pour bloquer l’arrivée de vivres.
Il a toutefois dénoncé le général Dogbo Blé qui dirigeait alors la garde républicaine pour son comportement pendant cette période de crise.
« Quand je l’ai connu il rasait les murs…il s’est vu pousser des ailes au point d’arrêter en 2010 des anciens comme le général Coulibaly car il sortait du golf, c’était une aberration… », a déclaré M. Mangou nommé ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Gabon, en mai 2012 par le président Alassane Ouattara.
Après Dogbo Blé, l’ex chef d’état-major Mangou s’en est vivement pris aux généraux Kassaraté (gendarmerie,) et Brindou (police). Au sujet des effectifs des forces de l’ordre à déployer durant la crise, Mangou a expliqué que « Kassaraté et Brindou n’ont pas été francs, ils surfaient sur un fil pour se poser, j’ai demandé au président de les remplacer mais il a m’a dit qu’à cette période il n’avait personne sous la main », a-t-il dit.
Mangou doit poursuivre son témoignage cette semaine, interrogé par l’accusation jusqu’à jeudi. Alors que le procès de Laurent Gbagbo, premier ex-chef d’Etat remis à la CPI, ouvert le 28 janvier 2016 à La Haye, devrait durer trois à quatre ans.