Le président de la Cour suprême kényane dénonce des tentatives « d’intimidation des juges »
Alors que des doutes subsistent sur la tenue de la nouvelle élection au 17 octobre, le président de la Cour suprême kényane, David Maraga, a dénoncé mardi les menaces formulées par des responsables politiques et leurs partisans contre son institution, depuis l’invalidation par cette dernière de la réélection du chef de l’Etat sortant Uhuru Kenyatta.
Maraga qui s’exprimait au nom de la Commission des services judiciaires qu’il préside, a indiqué que des juges, particulièrement ceux de la Cour suprême « ont été attaqués, menacés et décrits de manière négative sur les réseaux sociaux ». Selon lui, la police a ignoré des appels à agir contre ces menaces.
Mardi, des centaines de partisans de M. Kenyatta ont manifesté devant la Cour suprême, réclamant que leur favori puisse prêter serment pour un second mandat, avant d’être dispersés par la police anti-émeutes à l’aide de gaz lacrymogènes. Des manifestations identiques ont eu lieu à Nakuru (centre), où des individus ont bloqué des routes.
Maraga a déclaré devant la presse que ces manifestations « ont clairement pour but d’intimider des juges ». Le juge s’exprimait à la veille de la publication très attendue du jugement complet de la Cour suprême, qui doit expliquer en détails la décision prise le 1er septembre d’invalider l’élection présidentielle du 8 août, et notamment préciser les « irrégularités » qui ont, selon elle, entaché la transmission des résultats.
La Commission électorale (IEBC), très critiquée pour sa gestion du scrutin, a fixé la nouvelle élection au 17 octobre, mais de nombreux doutes subsistent quant à sa capacité à organiser un nouveau scrutin en si peu de temps.
La société française OT Morpho chargée de fournir le système électronique de transmission des résultats et les équipements de reconnaissance biométrique des électeurs, a déjà indiqué qu’elle ne pourra pas être prête à cette échéance.
Jeudi dernier, la coalition d’opposition Nasa a envoyé une lettre à l’IEBC, où elle demande notamment le renvoi de certains responsables, un changement de fournisseur de matériel électoral ainsi que la diffusion en direct des résultats de chaque circonscription. Sans quoi, a-t-elle dit, elle boycottera les élections.
D’un autre côté, le président sortant Kenyatta a insisté pour que l’élection ait lieu comme prévu, accusant son rival, Raila Odinga, de vouloir bloquer la situation pour la mise en place d’un gouvernement de coalition. Selon les dispositions de la Constitution, l’IEBC a jusqu’au 31 octobre pour organiser une nouvelle élection.