Couvre-feu au sud-est du Nigeria après des heurts violents entre la population et l’armée
Le gouverneur de l’Etat d’Abia, dans le sud-est du Nigeria a décrété mardi tard dans la nuit, un couvre-feu pour les trois prochaines nuits, pour tenter d’apaiser les tensions grandissantes entre l’armée et les partisans igbos pour un Biafra indépendant.
Le gouverneur de l’Etat d’Abia, Okezie Ikpeazu, a demandé « le respect des lois » et que «personne ne s’engage dans des confrontations avec les soldats et autres forces de sécurité» pendant le couvre-feu qui va de 18 heures à 6 heures du matin, jusqu’à ce vendredi.
Cette décision fait suite aux heurts violents de ces derniers jours, entre l’armée et les membres du mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (IPOB), qui réclament l’indépendance de cette région à grande majorité igbo.
L’armée régulière mène depuis la semaine dernière une opération contre les kidnappings et le crime organisé particulièrement actifs dans la région.
L’IPOB a affirmé mercredi que des soldats ont envahi la maison de leur leader à Umuahia (Etat d’Abia) et que quatre de ses supporters ont été tués alors qu’ils tentaient de leur bloquer le passage.
NnamdiKanu, chef de file du mouvement indépendantiste du Biafra, est poursuivi pour trahison et atteinte à la sécurité de l’Etat. Il est actuellement en liberté provisoire sous caution, en attendant le début de son procès à Abuja, qui devrait avoir lieu le mois prochain.
Lors de son retour au Nigeria après un congé médical de trois mois, le président Muhammadu Buhari a déclaré, qu’il rétablirait l’ordre sécuritaire dans le pays, particulièrement aggravé depuis le début de l’année.
Ces nouvelles contestationsdans le sud-est du Nigeria ravivent les souvenirs douloureux et quasiment tabou dans le paysde la guerre civile (1967-1970).
Le blocus au Biafra, cœur pétrolier du pays, avait empêché tout approvisionnement en nourriture et en médicaments. Plus d’un million de personnes en étaient mortes, notamment d’une famine dont les images avaient provoqué une vague d’indignation sans précédent dans les pays occidentaux.
Le pouvoir fédéral voit donc dans ces montées contestataires une menace pour l’unité du Nigeria.