Terrorisme : Un opposant éthiopien condamné à six ans et demi de prison
Un tribunal d’Addis Abeba a condamné Yonatan Tesfaye, ancien porte-parole d’un parti d’opposition au régime éthiopien à six ans et demi de prison pour « incitation au terrorisme » à travers des publications sur Facebook.
La condamnation de l’opposant a été prononcée ce jeudi. L’accusé arrêté en décembre 2015, a été reconnu coupable la semaine dernière.
En 2015, il avait accusé la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), « d’user de la force contre le peuple, plutôt que de privilégier le dialogue pacifique avec le public ».
Le président du Blue Party, Yeshiwas Assefa a indiqué que l’accusé ferait appel de cette condamnation, faisant valoir son droit à « la liberté d’expression ».
Yonatan encourait une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison, en vertu d’une loi antiterroriste dénoncée comme un moyen de faire taire toute dissidence, par les associations de défense des droits de l’Homme mais aussi par les Etats-Unis, pourtant alliés de l’Ethiopie.
Les commentaires de l’opposant avaient été postés peu de temps après le début de manifestations populaires de jeunes Oromo, l’ethnie la plus nombreuse du pays, pour protester contre un projet d’expansion géographique de la capitale Addis Abeba qui devait selon eux, déboucher sur des expropriations en masse.
Ces manifestations, couplées à d’autres dans la région Amhara dans le nord du pays, ont été violemment réprimées par le régime, faisant près de 700 morts selon les autorités elles-mêmes. Elles ont conduit le gouvernement à décréter l’état d’urgence en octobre 2016 et à le reconduire pour quatre mois en mars.
Dans une lettre publiée jeudi, 13 organisations de défense des droits humains dont Reporters Sans Frontières (RSF) et Human Rights Watch (HRW), ont appelé le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à faire pression sur l’Éthiopie pour qu’elle autorise une enquête indépendante sur « les atrocités commises par les forces de sécurité» sur fond de manifestations pacifiques.
Mais le Premier ministre Hailemariam Desalegn a clairement indiqué fin avril qu’il refusait toute enquête indépendante sur la répression des manifestations.
Les 13 organisations, ont aussi demandé la libération immédiate des journalistes, défenseurs des droits de l’Homme, dirigeants d’opposition et autres manifestants « arbitrairement détenus » pendant et depuis les manifestations.