Calme précaire dans le sud tunisien ce mardi après la mort d’un manifestant à El-Kamour
Un calme précaire a régné ce mardi, au lendemain de la mort d’un jeune manifestant tunisien écrasé accidentellement par un véhicule de la gendarmerie, dans la région de Tataouine qui est agitée depuis des semaines par des protestations sociales.
Depuis près d’un mois, des habitants campent dans la zone d’El-Kamour et entravent la circulation des camions vers les champs pétroliers et gaziers de Tataouine, réclamant une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires des jeunes de la région par les sociétés du secteur.
Les forces de l’ordre ont fait usage lundi matin, de gaz lacrymogène pour repousser des manifestants qui tentaient de pénétrer dans le complexe pétrolier et gazier.
Des violences ont également éclaté devant le siège du gouvernorat de Tataouine (500 km au sud de Tunis), où des habitants ont décidé de se rassembler en solidarité avec le mouvement de contestation d’El-Kamour.
Le siège de la Garde nationale et le local de la délégation régionale de la sécurité publique ont été incendiés.
Des milliers de personnes en colère se sont rendues à la mi-journée du mardi à Bir Lahmer, localité d’origine du jeune manifestant tué lundi lors des manifestations.
Anouar Sakrafi a été écrasé accidentellement par un véhicule de la gendarmerie. «Avec nos âmes, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour le martyr», ont scandé certains participants à ces funérailles qui se sont déroulés dans le calme, en l’absence du moindre dispositif policier.
El-Kamour et Tataouine restaient calme mardi. Cependant, des pierres jonchant la chaussée, pneus calcinés, commerces pour la plupart fermés, traduisaient la violence des heurts de la veille.
Tous les postes de police étaient désertés selon des témoins. Les violences de lundi ont également fait des dizaines de blessés, dont une vingtaine de membres des forces de l’ordre. Le ministre de l’Emploi Imed Hammami, chargé des négociations sur El-Kamour, a accusé «des candidats à la présidence et des partis en faillite», d’être derrière ces troubles.
La Tunisie soit secouée par de fréquents troubles sociaux depuis la chute de la dictature en 2011. Ces dernières heures, plusieurs villes du sud tunisien, Kébili, Douz et jusqu’à Gafsa- ont connu des manifestations de soutien à El-Kamour, reprenant le mot d’ordre « On ne lâche rien ».