Sénégal : Polémique autour des ressources halieutiques
Tout récemment, le gouvernement sénégalais a accordé une vingtaine de licences de pêches à des compagnies étrangères, majoritairement russes. Ce qui n’a pas plu aux acteurs locaux du secteur. Ce mercredi 30 Mars, ils étaient un millier à Kayar et un nombre non estimé dans d’autres villes sénégalaises (Dakar, Saint-Louis,…) à protester contre cette concurrence.
En fait, le Groupement des Armateurs et Industriels de la Pêche au Sénégal (GAIPES) et les pêcheurs artisanaux dénoncent le fait que les nouveaux-venus exploitent les petites espèces, dont la sardinelle et le chinchard. Or, celles-ci soutiennent énormément l’alimentation sénégalaise. D’ailleurs, selon certains protestataires, depuis l’arrivée de la concurrence, la caisse de la sardinelle n’a fait qu’augmenter de prix, passant de 3000 FCFA (6 dollars) l’année dernière à un minimum de 12.500 FCFA aujourd’hui (25 dollars).
En plus, l’argument de l’Etat sénégalais justifiant sa décision ne semble pas tenir debout. Selon son communiqué, les petites espèces de poissons vivant en haute mer (entre 37 et 65 Km du littoral) ont longtemps été sous-exploitées par les flottes sénégalaises aussi bien industrielle qu’artisanale à cause de la difficulté d’accessibilité. C’est pourquoi, le gouvernement a fait recours aux étrangers.
Pourtant, selon le GAIPES, il est aisément possible pour les sénégalais d’aller pêcher à cette distance de la côte. La même source s’inquiète de l’appauvrissement des eaux sénégalaises vu la capacité des navires étrangers (30 000 tonnes chacun). Egalement, Greenpeace émet des inquiétudes, estimant que ces licences ne feront « qu’accélérer le pillage des zones de pêche de l’Afrique de l’Ouest, autrefois abondantes en poissons ».
Devant cette opposition, le gouvernement sénégalais aura difficile à convaincre. Surtout que seule la production de la pêche artisanale au Sénégal a une valeur estimée de plus de 144 milliards de FCFA (288 millions de dollars).