Visite houleuse du chef du gouvernement tunisien au village de Tataouine sur fonds de manifestations
Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed a effectué ce jeudi, une visite sous tension dans le village de Tataouine, au sud de la Tunisie, une région agitée depuis plusieurs semaines par des manifestations et des revendications sociales.
Chahed a été pris à partie par des habitants du village en colère qui réclamaient de l’emploi et plus de développement.
Même si la puissante centrale syndicale UGTT s’est désolidarisée de l’appel à un arrête de travail, le chef du gouvernement et plusieurs de ses ministres, dont ceux de l’Énergie, de l’Investissement et des Affaires sociales, ont été accueillis par une ville paralysée par une grève générale.
Venu discuter avec des représentants de la société civile et annoncer des mesures en faveur de cette région marginalisée, située à 500 km au sud de Tunis, Chamed s’est heurté à certains jeunes dans la salle.
« Le droit de Tataouine au développement n’est pas une faveur », a déclaré Chahed au siège du gouvernorat de la ville, affirmant que les mesures prévues allaient « créer près de 2.000 emplois de manière quasi-immédiate » dans la région où de nombreux habitants réclament emplois et développement.
« Donnez-nous ce à quoi nous avons droit ! », a crié un homme avant que beaucoup n’entonnent « Travail, liberté, dignité nationale », l’un des slogans phares de la révolution de 2011.
Le chef du gouvernement a ensuite dû quitter les lieux sous les huées d’une foule déchaînée rassemblée à l’extérieur du gouvernorat, au moment où dans le centre-ville de Tataouine, le marché, les banques et les commerces étaient fermés ce jeudi.
Les protestataires, principalement de jeunes chômeurs, demandent du travail, notamment au sein des sociétés pétrolières opérant localement, ainsi qu’une plus grande participation aux projets de développement promis par le gouvernement.
Le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi a reconnu que «c’était tendu» mais, a-t-il ajouté, «il fallait bien parler à ces gens. Ils s’attendent à avoir du travail pour tout le monde dans les établissements pétroliers mais ce n’est pas possible».
Six ans après la révolution, les inégalités régionales restent un puissant facteur d’instabilité en Tunisie, avec des infrastructures défaillantes et des taux de pauvreté et de chômage supérieurs dans l’intérieur du pays.