Investiture du président tchadien Deby sous haute tension
Le président tchadien, Idriss Deby Itno doit être investi ce lundi, pour un cinquième mandat, dans un climat social explosif avec la mort dimanche d’un manifestant de l’opposition à N’Djamena.
L’opposition tchadienne qui conteste la réélection du président Deby a appelé à des manifestations contre ce qu’elle a qualifié de « hold-up électoral ».
Dimanche, un officier sous anonymat a expliqué qu’unjeune Tchadien a été tué par balle alors qu’il manifestait à N’Djamena à l’appel de l’opposition et venait de « déchirer le drapeau du MPS », le parti du président Deby.
Le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo, a affirmé que le jeune avait succombé à ses blessures après «des tirs à balles réelles des forces de l’ordre » pour disperser les manifestants.
Selon l’opposant, un autre jeune a également été «touché par une balle au thorax» avant d’être conduit à l’hôpital pour être opéré, mais cette information n’a pu être confirmée de source indépendante.
La manifestation avait dans un premier temps été dispersée à coups de gaz lacrymogènes, mais plusieurs militants « très remontés » étaient retournés dans la rue pour braver les intimidations policières et la situation «a dégénéré», a expliqué Kebzabo.
Comme la veille, où un meeting avait été dispersé par la police anti-émeute, l’opposition avait décidé de maintenir sa «marche pacifique », malgré l’interdiction décrétée par le pouvoir.
Les leaders de l’opposition ont également appelé à une journée « Ville morte sur l’ensemble du territoire » lundi, jour de la cérémonie d’investiture de M. Deby.
La cérémonie doit se dérouler dans un grand hôtel de N’Djamena en présence d’une dizaine de chefs d’Etat africains et d’autres invités de marque comme le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, arrivé dimanche soir à N’Djamena.
M.Deby, arrivé au pouvoir par la force en 1990, a été réélu en avril dès le premier tour avec près de 60% des voix, loin devant son premier poursuivant, Saleh Kebzabo (12,77%).
L’opposition conteste cette réélection qu’elle qualifie de « hold-up électoral », et tente depuis plusieurs semaines d’unir ses forces face au chef de l’Etat.
Vingt-neuf partis politiques se sont ainsi regroupés fin juillet autour de six candidats défaits à la présidentielle pour former le Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), même si trois d’entre eux ont déjà fait défection depuis lors.