Sénégal : Début du retrait des enfants de la rue à Dakar
L’Etat sénégalais a démarré depuis plusieurs jours à Dakar, la capitale sénégalaise, l’opération «retrait des enfants de la rue» pour éliminer la mendicité, conformément aux récentes injonctions du Président, Macky Sall.
Un bus affrété pour la circonstance avec à son bord des assistants sociaux chargés de convaincre les SDF juvéniles de monter à bord, se faufile à travers la ville, précisément aux abords des marchés des quartiers populeux, s’arrête devant des mendiants dont des «talibés» les disciples d’écoles coraniques qui se baladent souvent les pieds nus, en haillons, sébiles à la main.
Selon un premier bilan officiel, du 30 juin au 15 juillet, 270 enfants, dont près de la moitié sont des « talibés », ont été extraits de la rue. Les autres enfants recueillis mendiaient seuls ou en compagnie de leurs parents ou tuteurs, ont également fait l’objet de ces rafles.
Les familles des enfants raflés sont recensées pour pouvoir bénéficier de programmes d’aide de l’Etat, une aide financière et une prise en charge sanitaire, affirme Niokhobaye Diouf, le directeur national de la Protection de l’enfance.
La région de Dakar compte à elle seule, 1.006 « daaras » (écoles coraniques) avec 54.837 « talibés » (élèves) dont plus de 30.000 pratiquaient la mendicité, selon une enquête du gouvernement publiée en 2014.
«Des brebis galeuses se cachent derrière ce système d’éducation pour exploiter les enfants par la mendicité, un commerce facile et rentable» déplore Diouf.
En effet selon des témoignages recueillis dans la capitale, des «talibés» au Sénégal sont contraints par leurs maîtres de rapporter chaque jour des montants qui peuvent aller jusqu’à près de 1.000 FCFA (1,5 euro environ).
Une loi sénégalaise contre la mendicité des mineurs, datant de 2005 et rarement appliquée, prévoit deux à cinq ans de prison et une amende allant de 500.000 FCFA à 2.000.000 FCFA (762 à 3.050 euros) contre les auteurs de ces pratiques.
L’opération de «retrait des enfants de la rue» a été saluée par des ONG locales ainsi que par l’ONU qui «encourage la décision» du Sénégal, au moment où certains chefs religieux la dénonce, appelant le gouvernement à appuyer les maîtres coraniques, notamment en subventionnant leurs écoles et en finançant, avec des crédits dédiés, leurs projets agricoles, d’élevage et de logements.