Afrique du Sud : la radio-télévision publique sommée de diffuser les images des manifestations
L’Autorité indépendante des communications en Afrique du Sud a intimée l’ordre ce lundi à la radio-télévision nationale de diffuser les images des manifestations violentes qui ont lieu dans le pays qui s’apprête à voter ses conseils municipaux.
Le groupe audiovisuel public SABC avait décidé en mai dernier, de ne plus diffuser des images de manifestations violentes, pour officiellement, dissuader la répétition d’actions similaires. Mais ce choix éditorial a été interprété par l’opposition, comme de la censure à l’approche des élections municipales.
« La SABC reçoit l’ordre de retirer la résolution (…) selon laquelle la SABC ne diffusera plus d’images de destructions de bâtiments publics pendant les manifestations », a déclaré l’Autorité indépendante des communications en Afrique du Sud (Icasa).
La SABC, Principale source d’informations de millions de Sud-Africains, a été accusée par des organisations de la liberté de la presse, des journalistes et les formations de l’opposition de s’autocensure dans le but de favoriser le président Jacob Zuma et son parti l’ANC, en prévisions des élections locales du 3 août.
En Afrique du Sud, les municipales s’annoncent serrées, surtout dans un contexte de taux de chômage record et de scandales de corruption éclaboussant le chef de l’Etat. Selon les derniers sondages réalisés par Ipsos South Africa, l’ANC perdrait trois villes, Pretoria, Johannesburg et Port Elizabeth (sud-est) au prochain scrutin.
Par ailleurs, la SABC, qui compte 20 stations de radio et trois chaînes de télévision, a supprimé en mai dernier, la lecture des gros titres des journaux de la presse écrite, parfois critiques envers le pouvoir.
Certains journalistes de la SABC ont été victimes de mesures disciplinaires après avoir critiqué les choix éditoriaux du groupe, et d’autres suspendus pour avoir passé outre les ordres de ne pas couvrir les manifestations violentes.
Fin juin, le PDG de la radio et de la télévision publique sud-africaine, Jimi Matthews, a démissionné expliquant «avoir pendant des mois renoncé aux valeurs» qui lui sont chères.