RDC : La société civile exige un dédommagement pour exploitation frauduleuse de l’or dans le Sud-Kivu
Après les dénonciations du rapport de Global Witness sur les exploitations frauduleuse de l’or dans le Sud-Kivu, la société civile de Shabunda exige que Kun Hou Mining, société chinoise dénoncée également mardi dans le rapport de Global Witness, dédommage la population riveraine d’Ulindi.
Joseph Mpeseni, dirigeant de la société civile de Shabunda, estime que la société chinoise « n’a jamais posé une seule action sociale significative en faveur des habitants de Shabunda si ce n’est les déposséder de l’or et les exploiter à fond ».
Mpeseni accuse Kun Hou Mining d’être en complicité avec les groupes armés et, dans la partie où il y a le contrôle de l’armée, avec les militaires et toutes les autorités dans cette exploitation « qui ne profite pas à la population ».
« La population du territoire de Shabunda est restée pauvre alors qu’il y a une richesse qui aurait dû lui profiter quand-même. D’ailleurs il y a un pont qui s’est écroulé près du centre-ville de Shabunda et personne n’est en mesure de le réhabiliter », déplore-t-il.
Dans son rapport publié mardi, Global Witness soutient que « le fait que les autorités du Sud-Kivu se soient mises en défaut de faire appliquer les lois nationales et provinciales […] porte gravement atteinte aux efforts nationaux et internationaux visant à assainir les chaînes d’approvisionnement en or du Congo ».
Global Witness pointe du doigt les autorités provinciales du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, les accusant de porter « gravement atteinte » aux efforts de certification minière en fermant les yeux sur des pratiques illicites dans le secteur aurifère.
L’enquête sur « la ruée vers l’or » à Shabunda dénonce la captation des profits de l’exploitation aurifère dans le lit de la rivière Ulindi, qui au final n’aura apporté aux riverains que des désagréments, et aucun bénéfice.
C’est en 2013 que cette région, située dans une zone enclavée à 170 km à l’ouest de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, a été touchée par la fièvre de l’or. Le rapport d’enquête de Global Witness met en cause les agissements de la société chinoise Kun Hou Mining, accusée dans ce rapport d’avoir « versé 4.000 dollars » et donné deux kalachnikovs à des groupes armés Raïa Mutomboki opérant dans la zone pour pouvoir mener ses activités tranquillement.
Les Raïa Mutomboki (« Citoyens en colère », en swahili) sont apparus en 2005 dans le territoire de Shabunda comme milice d’autodéfense contre les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).