Soudan du Sud : Kiir et Machar rejettent l’idée du «Tribunal international pour le Soudan du Sud»
Le président sud-soudanais Salva Kiir et son vice-président Riek Machar ont jugé que la paix dans le pays passe par la création d’une « Commission vérité et réconciliation » plutôt que par des procès contre les auteurs d’exactions commises pendant les deux années de guerre civile.
Dans une tribune pour le New York Times, les deux anciens rivaux déclarent être: «déterminés à faire en sorte que notre pays ne traverse plus jamais une guerre civile. Même avec nos différences – en fait à cause d’elles – nous sommes déterminés à réconcilier nos communautés et à créer l’unité».
Le Soudan du Sud avait plongé dans la guerre civile en décembre 2013, deux ans seulement après son indépendance en 2011. Des combats avaient éclaté au sein de l’armée nationale, divisée par des dissensions politico-ethniques alimentées par la rivalité entre Kiir et Machar.
Même si le bilan exact de ces violences reste pour le moment inconnu, le conflit sud-soudanais, marqué notamment par des massacres à caractère ethnique, des viols et des tortures, a fait des dizaines de milliers de morts, et plus de 2,3 millions de déplacés.
L’accord de paix signé le 26 août 2015 a finalement mis fin aux combats et abouti en février dernier à la nomination de Machar comme vice-président, le poste qu’il occupait déjà entre juillet 2011 et juillet 2013 avant d’entrer en rébellion.
«Nous avons l’intention de créer une commission nationale vérité et réconciliation sur le modèle de celles en Afrique du Sud et en Irlande du Nord», estiment Kiir et Machar, accusés par l’ONU d’être responsables des massacres commis depuis le début du conflit. «Ceux qui disent la vérité sur ce qu’ils ont vu ou fait, précisent-ils, seraient amnistiés contre toute poursuite, même s’ils n’ont exprimé aucun remords».
Les deux dirigeants pensent aujourd’hui que, « par contraste avec la réconciliation, la justice disciplinaire – même délivrée dans le cadre de la loi internationale – déstabiliserait les efforts consentis pour garantir l’unité de notre nation, en maintenant la colère et la haine parmi le peuple sud-soudanais ».
En conséquence, ils appellent ainsi « la communauté internationale, et les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en particulier, à reconsidérer (…) leur soutien au tribunal international prévu» pour les crimes commis au Soudan du Sud.