L’opposition Kenyane dénonce l’ »état d’urgence » établi dans le pays
L’opposition kenyane a dénoncé ce mercredi, une situation d’«état d’urgence» décrété selon elle par le gouvernement kenyan qui a interdit sur toute l’étendue du territoire, les «manifestations non autorisées».
Cette décision des autorités kenyanes intervient après de nouveaux affrontements meurtriers entre policiers et manifestants de l’opposition et de la société civile dans l’est du pays.
Depuis le 25 avril dernier, l’opposition et des organisations de la société civile ont déjà organisé plusieurs manifestations à travers le Kenya pour exiger la dissolution de la commission électorale (IEBC), qu’elles jugent favorable au camp présidentiel en vue des élections d’août 2017.
Ce Lundi, deux personnes ont encore été tuées par balles à Kisumu, une ville acquise à l’opposition, lorsque la police a dispersé l’une de ces manifestations. Bien avant, le 23 mai, trois manifestants avaient été tués dans l’ouest: deux avaient été abattus par les forces anti-émeute à Siaya, le troisième étant décédé après avoir chuté en fuyant les gaz lacrymogènes à Kisumu.
« Afin d’éviter d’autres violences, la destruction de propriétés et la perte de vies, le gouvernement interdit à partir d’aujourd’hui toute manifestation non autorisée dans le pays », avait annoncé mardi, le ministre de l’Intérieur, Joseph Nkaissery, évoquant les manifestations de l’opposition.
Pour l’opposition la décision du gouvernement est «inconstitutionnelle» et «illégale», et soutient qu’elle poursuivra ses manifestations dans le pays, mais aussi qu’elle contesterait l’interdiction du gouvernement devant la Cour suprême.
« Dans les faits, le président (Uhuru) Kenyatta a décrété l’état d’urgence au Kenya », a accusé l’opposition dans un communiqué, rappelant que la Haute Cour kényane avait demandé ce lundi à la police de respecter le droit des opposants à manifester, tout en garantissant l’ordre public.
La coalition d’opposition conduite par Raila Odinga, 71 ans, et plusieurs organisations de la société civile exigent la dissolution de l’actuelle IEBC, qui avait organisé la présidentielle de 2013 remportée par Uhuru Kenyatta, 54 ans.
Le résultat avait été contesté par Odinga, ancien Premier ministre dans le gouvernement d’unité nationale formé après les violences post-électorales de 2007-2008 qui avaient fait plus de 1.100 morts.