RDC : Katumbi inculpé pour atteinte à la sûreté de l’État
La justice congolaise a annoncé, jeudi, que l’opposant Moïse Katumbi, qui s’est déclaré candidat à la future présidentielle, devra répondre devant elle pour atteinte à la sûreté de l’État dans « l’affaire des mercenaires étrangers ».
Il « a été inculpé du chef d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État […] et placé sous mandat d’arrêt provisoire », a indiqué un communiqué du parquet général de la République Démocratique du Congo (RDC).
Après trois convocations M. Katumbi qui s’est présenté à deux reprises devant le magistrat chargé du dossier pour être entendu, est donc désormais en attente d’un procès, dont la date n’a pas encore été annoncée par les autorités judiciaires.
Ex-allié de poids du président Joseph Kabila, qui dirige le pays depuis 2001, M. Katumbi est passé à l’opposition, en septembre dernier, démissionnant de ses fonctions de gouverneur du Katanga. A l’instar des opposants, il accusait M. Kabila de chercher à violer la Constitution pour se maintenir au pouvoir.
M. Katumbi qui est depuis quelques jours admis dans une clinique de Lubumbashi, avait officialisé sa candidature à la présidentielle le 4 mai, le jour même où le gouvernement annonçait l’ouverture d’une enquête le visant pour « recrutement de mercenaires » à la suite de l’arrestation de quatre de ses gardes du corps, parmi lesquels un Américain.
Selon le parquet, il lui est « loisible avec le concours de ses médecins traitant de se faire prendre en charge par des institutions médicales appropriées ainsi que l’a suggéré le médecin légiste requis ».
Commentant cette inculpation, le porte-parole du gouvernement de la RDC a déclaré relativement à l’incarcération ou non de M. Katumbi que cela « dépend [maintenant] de l’appréciation de la justice, ça peut être la résidence surveillée ou une incarcération ».
Mais une source judiciaire révèle que du côté du parquet on pencherait plus pour une assignation de M. Katumbi à l’hôpital à condition que tout s’y passe calmement. « s’il y a des attroupements, s’il y a des discours incendiaires, on va le coffrer », a-t-on averti de même source.
Trois avocats de l’opposant qui l’ont visité à l’hôpital sont repartis en début de soirée sans faire de déclaration ni de commentaire à la presse sur l’inculpation de leur client.
Dans le pays, le climat politique est tendu depuis des mois en raison de l’incertitude sur l’organisation de la présidentielle censé avoir lieu avant la fin de cette année 2016, alors que la Constitution interdit à M. Kabila de se représenter.
Le 11 mai, dans un arrêt que conteste une grande partie de l’opposition, la Cour constitutionnelle a autorisé M. Kabila à se maintenir à la tête de l’État au-delà de la fin de son mandat (le 19 décembre) si l’élection n’est pas organisée d’ici là.