L’économie burundaise mise à rude épreuve par la crise et les sanctions
Après une année d’une crise politique profonde marquée par des violences, l’économie du Burundi est aujourd’hui dévastée par les doubles effets du blocage politique en cours et des sanctions de la communauté internationale, qui font désormais de ce pays, le plus pauvre du monde.
La crise politique au Burundi née de l’annonce du président Pierre Nkurunziza de sa candidature pour un 3ième mandat a accompli un an ce mardi 26 avril.
« L’économie commençait à se stabiliser, l’inflation était maîtrisée et avec une croissance moyenne de quelque 4,5% depuis plusieurs années, le Burundi semblait sur la bonne voie. Mais la crise actuelle a eu des effets catastrophiques, notamment sur les finances publiques et le secteur formel», commente un professeur d’économie de l’Université du Burundi.
Avant de plonger dans une nouvelle crise politique, le Burundi sortait d’une assez longue période de guerre civile ayant coûté la vie à plus de 300.000 personnes de 1993 à 2006. Hélas, l’annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza, fin avril 2015, pour un troisième mandat jugé illégal par l’opposition, la société civile et une partie de son propre camp, a remis le feu aux poudres.
Selon le FMI, l’économie burundaise a enregistré une croissance négative de 7,4 % en 2015, signant un retour à la récession. La crise a eu un impact direct sur des secteurs clés comme le secteur de l’hôtellerie.
Après les pays occidentaux, principaux donateurs bilatéraux, l’Union européenne (UE) a officiellement suspendu à son tour, le 14 mars, son aide directe au Burundi. Principal bailleur de fonds du pays, l’UE espérait ainsi faire pression sur le gouvernement burundais pour qu’il entame un véritable dialogue avec l’opposition.
Les infrastructures se dégradent et ne sont pas réparées. Des routes et ponts se sont effondrés pendant la saison des pluies, même au coeur de la capitale.
Aussi, le gouvernement exige que désormais des organisations burundaises et des ONG internationales domicilient leurs comptes en devises auprès de la banque centrale, une mesure aussitôt décriée par les Etats-Unis.
Même s’il semble moins affecté, le monde rural, déjà en proie à une pauvreté extrême, est aussi touché en raison des coupes dans les programmes publics de santé, d’éducation et d’infrastructures.
« Jusqu’ici, le gouvernement burundais s’en est sorti en ayant recours à des expédients tels que des coupes dans les budgets sociaux, la main tendue vers certains pays amis ou le recours à la planche à billets, mais la situation est en train de devenir critique» fait observer, sous couvert de l’anonymat, un haut fonctionnaire de l’ONU en poste à Bujumbura.